Entre jazz survolté et rythme kabylo-nostalgique, l'ambiance était à la bonne humeur. C'est mercredi et jeudi derniers, à l'Astrolabe-Club de Riadh El-Feth où notre crooner de la chanson des monts de Djurdjura a animé un concert baptisé «Récital intime». Mais avant le passage de Djamel Alam, c'est le groupe de jazz Aminoss qui enchantera d'abord le public bien restreint au départ. Aminoss, c'est Didine Ouameur au piano surnommé Dino et les trois ex du groupe Bam à savoir Hichem Djaghjegh à la batterie, Samy Matiben au clavier et Amine Hamerouche, bien sûr, à la guitare. Un groupe qui a fait parler de lui récemment, rappelons-le, le 26 juin dernier plus précisément à la salle Ibn Zeydoun lors de la 3e édition de Jazzayir. Les musiciens entameront leur concert par Inspired, qui sera suivi par Nasma Elil, un titre composé par Dino. Une ballade romantique qui ne tardera pas à trouver son apogée en termes mélodiques. La suite, ce sont des compositions aux inspirations méditerranéennes bien de chez nous à l'image du chaâbi, de l'andalou mêlés avec délices et harmonie aux notes bleues. Foncièrement vive et remuante, la musique d'Aminoss est revigorante grâce au pianiste, un virtuose en la matière qui manie avec dextérité le clavier à une vitesse vertigineuse. Et c'est une ballade tragique qui met le coeur en émoi qui s'achèvera une heure après leur récital. On aurait aimé poursuivre toute la soirée avec Aminoss, cependant c'est un autre artiste à la voix tremblante d'émotion et au long parcours qui devait prendre le relais. C'est Djamel Alam, l'inusable crooner qui fera son entrée devant un parterre, désormais plus dense. Et c'est parti pour un tour de chant qui se veut intimiste et chaleureux. Nous sommes d'emblée avertis - quoique nous en doutions, vu l'exiguïté de l'espace qui empêche la présence effective de ses musiciens - «Je vais vous interpréter des morceaux de mon répertoire en play-back orchestre». Et c'est Yema Gouraya qui est entamé en premier. Un puis un deuxième cafouillage technique viennent perturber le morceau, ce qui contraint Djamel à enchaîner avec le prochain, Assalimo «dédié aux enfants». L'artiste revisitera son riche répertoire, des anciennes chansons jusqu'aux plus récentes, extraites de son dernier album à l'image de Tir El Kafs qui a été chantée par Hsissen et réarrangée par Safy Boutella, Ifireles, «le petit oiseau qui reconstruit son nid, symbole de l'Algérie, toujours arrangé par Safy Boutella, tout comme Djaouhara de Kamel Hamadi. Djamel Alam alterne les mélodies, entre un tempo joyeux andalou avec Gatlatou et des notes mélancoliques qui inspirent la tristesse avec Afousiw (donne-moi ta main). Entre joie, larmes et nostalgie, Djamel Alam le regard plongé dans sa rêverie, offre dans la simplicité de cette petite scène de l'Astrolabe-club, un palette de rythmes très variés, un pot pourri de ses trente ans de carrière qu'il interprétera à la guitare acoustique. C'est ce qu'on appelle un moment intime où l'artiste tendra à communier avec son public. Il interprétera aussi Trabendo, chanson coécrite avec Mohamed Ali Alalou, puis la légendaire Avavainouva d'Idir, une douceur qui sera appuyée par les applaudissements de l'assistance. L'âge d'or de Léo Ferré est un morceau très énivrant, original de par ses arrangements «très sud» signé Safy Boutella et soutenu à merveille par les sons du karkabou et du bendir. Sérénité et enthousiasme rythmeront cette soirée. D'autres titres des plus anciens comme Tella, qui ont fait le succès et les années de gloire de Djamel Alam viendront achever en beauté ce récital, en rire et en danse sous les crépitements improvisés des photographes. Aux fans de Djamel Alam, il est à noter qu'un coffret de ses trente ans de carrière sortira incessamment, chez Belda Diffusion.