Un territoire qui s'étend sur des milliers de kilomètres, devenu le refuge des criminels de tous bords. Malgré le fait qu'il demeure une menace pour la sécurité de plusieurs pays du Maghreb et du Sahel, le Gspc, branche présumée d'Al Qaîda au Maghreb islamique, n'aura pas réussi à s'implanter au Sahel, selon des experts américains lors d'une audition au Congrès des Etats-Unis. Cette organisation terroriste qui a pris racine en Algérie depuis le mois de septembre 2006, et dont le noyau dur a été implanté dans les maquis de Kabylie, continue de subir la pression des forces militaires algériennes, marocaines et ma-liennes, mais aussi libyennes. C'est ce que, d'ailleurs, ont formellement affirmé, il y a quelques jours, ces mêmes experts devant une commission du Sénat américain chargée de la lutte antiterroriste au Sahel. Un territoire qui s'étend sur des milliers de kilomètres comprenant les régions du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Nigeria et du Sénégal. L'insécurité dans ces régions concerne également les pays du Maghreb du fait des frontières partagées avec certains d'entre eux. Les autorités algériennes, conscientes du danger qui menace la zone frontalière du pays, ont vite fait de réagir pour bloquer une éventuelle influence de cette organisation terroriste en anticipant un dispositif de coopération militaire. En effet, le mois d'août dernier, une rencontre à Tamanrasset avait regroupé les hautes instances militaires des états-majors de l'Algérie, de la Mauritanie, du Mali et du Niger, cependant en l'absence de la Libye. Il était question, lors de cette rencontre, de tracer un plan de coopération pour la lutte antiterroriste, la création d'une cellule de renseignements commune et dégager les grandes lignes des opérations militaires devant permettre d'acculer le Gspc ou ce qu'on appelle Al Qaîda au Maghreb islamique. C'est ce que confirme d'ailleurs, la déclaration de Daniel Benjamin, coordinateur pour l'antiterrorisme au département d'Etat, lors de la réunion en question du Congrès, soulignant qu'«Al Qaîda au Maghreb n'a pas réussi à atteindre ses objectifs-clés», ajoutant que «l'organisation terroriste est étranglée financièrement, en particulier en Algérie, elle est incapable d'atteindre ses objectifs en matière de recrutement». Allant dans le même sens, John Carson, sous-secrétaire d'Etat pour les Affaires africaines soulignera: «Al Qaîda au Maghreb prône une idéologie et des tactiques violentes trop radicales pour la plupart des habitants du Sahel et cette organisation n'a pas réussi à bâtir des alliances significatives avec les mouvements d'insurrection et les réseaux criminels actifs dans la région». De plus, «l'organisation ne peut sérieusement menacer les gouvernements ou la stabilité régionale et ne peut non plus gagner un soutien important parmi la population», précisera le sous-secrétaire d'Etat pour les Affaires africaines. Il n'en demeure pas moins que cette région est un point de repli du Gspc, cette organisation qui, même acculée, continue de verser dans la violence et le crime organisé. Le Sahel a, de tout temps, constitué une zone stratégique pour Al Qaîda. Vu l'immensité de cette région, le Gspc en tire profit pour y exercer ses activités hors la loi. Et même si pour les experts américains, la menace est de plus en plus atténuée, elle y est cependant toujours présente. Les pays concernés sont désormais conscients de la nécessité d'élever le niveau de coopération devant répondre aux exigences de l'heure. Maintenant que la crise touarègue est écartée, place aux opérations pour, pourquoi pas, anéantir cette organisation dont l'objectif vise des intérêts matériels et rien d'autre au profit de certaines parties étrangères. Tant que la région est instable, Al Qaîda au Maghreb trouve son compte. Cependant, il est clair que celle-ci n'est plus en mesure d'assurer ses arrières. On peut dire que le terrain et le contexte actuels ne sont pas favorables au terrorisme. C'est dans ce sens que la lutte antiterroriste doit être poursuivie sans relâche.