La désinvolture, faussement empesée, que s'impose la presse royale, trahit les risques sévères qui menacent les sujets de Sa Majesté Mohammed VI. La presse marocaine a annoncé, dans sa livraison d'hier, que les services de sécurité ont opéré un énième coup de filet dans les milieux islamistes. Trois membres présumés du groupe terroriste «Salafia Jihadia» ainsi qu'un autre, «El-Hidjra Oua Takfir» sont derrière l'assassinat de quelque 150 personnes, parfois dans des conditions tout simplement inhumaines, comme ont eu à le reconnaître certains des terroristes interpellés. Le Maroc, qui a enfin décidé de bouger, a opéré plusieurs coups de filet successifs avant de tenter de rassurer officiellement ses sujets et ses touristes, sur l'éloignement de tous nouveaux dangers immédiats. Les trois terroristes interpellés montrent bien que ce ton faussement rassurant ne devait pas être de mise. Pis encore, des journaux marocains indiquent que ces terroristes présumés sont connus de la police marocaine et étaient suivis de longue date. Une révélation somme toute fracassante qui tend à prouver que le royaume chérifien a bel et bien servi de sanctuaire, de base de repli idéale, aux criminels islamistes tant que cela arrangeait ses affaires, affaiblissant cet encombrant voisin algérien, trop attaché au droit international et au droit des peuples à l'autodétermination. L'une des personnes interpellées, qui a fait la guerre d'Afghanistan, a même profité des bons offices de l'ambassade marocaine basée en Iran pour se faire rapatrier et entamer ses actions subversives au coeur du Maghreb, à quelques kilomètres à peine du vieux continent. Ces personnes interpellées, indique-t-on, auraient à leur actif de nombreux crimes de sang selon leurs propres aveux. Pour rappel, selon des sources proches des services secrets espagnols, la nébuleuse islamiste au Maroc aurait projeté d'assassiner le roi Mohammed VI le jour de la célébration de son intronisation. Le complot, déjoué en fin de compte, aurait pu s'être déroulé avec quelques complicités au sein même du palais puisque ce ne sont pas tous les membres de la cour qui étaient heureux de l'intronisation de Moulay Mohamed alors que le trône devait revenir à Moulay Rachid. Le mariage du roi n'a guère été pour arranger les choses puisque une probable naissance d'un prince héritier réduirait en cendre tous les projets qui auraient pu être échafaudés avec une connivence, plus ou moins affirmée, avec les forces de l'obscurantisme islamiste.