Des sources crédibles ont afirmé à L'Expression que c'est le groupe Bouygues Télécom qui s'intéresse à Orascom Télécom. Naguib Sawiris, le patron d'Orascom Telecom, rompt le silence plusieurs jours après que l'Algérie ait haussé le ton à propos des arriérés d'impôts. La réaction du patron du groupe n'est pas empreinte d'optimisme. A la presse française, il déclare que le climat des affaires en Algérie n'est plus ce qu'il était. Il considère que les investissements étrangers n'y sont plus les bienvenus. Cette position fait également référence aux nouvelles dispositions contenues dans la loi de finances complémentaire 2009 que même le Medef n'a pas jugée trop contraignantes. Hormis le redressement fiscal dont elle a été l'objet, la filiale algérienne du groupe Orascom Telecom Algérie a toujours été considérée comme très rentable. Elle fournit 98% du cash flow dont il dispose. La filiale n'est pas à vendre, ont souligné les responsables d'OTA à Alger. Cela vient d'être réaffirmé par M.Sawiris. Ce responsable a démenti les informations sur une éventuelle cession de ses activités en Algérie. Vivendi a manifesté son intérêt mais Djezzy n'est pas à vendre, selon le patron du groupe. Vivendi serait en contact avec des investisseurs algériens pour relancer son offre. Pourtant une fusion dans la téléphonie mobile n'est pas tout à fait écartée. Orascom Telecom s'intéresse à une fusion avec le français Bouygues Telecom. «Cela renforcerait notre présence en Méditerranée, améliorerait nos possibilités d'itinérance, il y aurait beaucoup de synergies», a expliqué M.Sawiris. D'autres explications seront les bienvenues pour savoir si Djezzy sera cédée ou non. Un premier pas dans cette stratégie est déjà franchi avec la vente d'Algerian Cement Company au français Lafarge. La transaction a rapporté plus de 10 milliards de dollars. Au même prix, Sawiris serait-il en état de refuser l'offre pour Djezzy? Une offre de rachat par France Télécom a échoué car le prix demandé par Orascom était de 10 milliards d'euros. C'était trop élevé comparativement à la valorisation de l'opérateur qui serait de l'ordre de 5,5 milliards d'euros. Les offres de Sawiris visent à s'implanter sur le sol français. Ce qui lui est refusé par Bouygues. La cession du groupe n'est pas à l'ordre du jour, a déclaré un porte-parole de cette société française. Cette mise au point n'est pas inutile. Elle devra contraindre Orascom à se satisfaire de sa présence dans les pays où il est déjà implanté. L'avenir de sa filiale en Algérie est incertain. Il faut s'attendre à ce que des recours soient introduits auprès des juridictions algériennes. Toute cette affaire n'est pas dans l'intérêt du groupe car elle risque de dévaloriser ses actions dans les Bourses où il est introduit. Et de raviver les spéculations sur une éventuelle cession de Djezzy. Le groupe semble lorgner du côté de l'Europe où les gains seraient tout aussi importants que ceux tirés par ses affaires en Algérie malgré la concurrence. Orascom a déjà pu se développer dans plusieurs pays et racheter des opérateurs de téléphonie en Europe comme l'italien Wind. En Algérie, Orascom reconnaît que ses revenus sont supérieurs à 4 milliards de dollars.