En fin d'après-midi, l'armée a scellé hermétiquement le quartier abritant des casernes et de nombreux logements d'officiers et leurs familles. Au moins 32 personnes ont été tuées hier par un commando de militants islamistes qui ont ouvert le feu et fait exploser leurs bombes dans une mosquée bondée fréquentée par les militaires à Rawalpindi, une ville-garnison de la banlieue d'Islamabad. Le ministre de l'Intérieur et l'armée ont attribué cette nouvelle attaque suicide aux taliban alliés à Al-Qaîda, responsables de la vague sans précédent d'attentats qui a fait près de 2600 morts dans tout le pays en deux ans et demi. Trois à cinq assaillants lourdement armés ont pénétré dans cette mosquée alors remplie notamment de militaires pour la grande prière du vendredi, a raconté le général Athar Abbas, porte-parole de l'armée, qui a parlé de 32 morts au total. «Les terroristes ont tiré sur les gens qui priaient et ont fait exploser leurs bombes», a-t-il poursuivi, ajoutant que deux des assaillants ont été tués, sans préciser comment. L'armée pakistanaise utilise systématiquement le terme «terroristes» pour désigner les militants islamistes ou taliban liés à Al Qaîda. En fin d'après-midi, l'armée, qui a scellé hermétiquement ce quartier abritant des casernes et de nombreux logements d'officiers et leurs familles, ratissait les bâtiments et les rues à la recherche des autres assaillants. La zone était encore survolée, en début de soirée, par des hélicoptères militaires. «Il y avait deux kamikazes qui ont fait exploser les bombes qu'ils portaient sur eux dans la mosquée, dont le toit s'est effondré», a expliqué à la télévision le ministre de l'Intérieur, Rehman Malik, qui a parlé de «plus de 30 morts». Au moins 45 blessés ont été hospitalisés, selon le général Abbas. Cette attaque survient deux jours après celle d'un kamikaze qui a fait exploser sa bombe en tentant de forcer l'entrée du QG de la Marine nationale en plein coeur d'Islamabad, et qui coûté la vie la vie à deux militaires. L'attaque a été perpétrée dans la mosquée du marché Qasim, un quartier militaire de cette ville tentaculaire jouxtant la capitale pakistanaise, et centre névralgique de la puissante armée. Un témoin a déclaré à la chaîne de télévision Geo qu'il se trouvait à l'intérieur de la mosquée lorsqu'il a entendu des détonations. «Il y avait au moins 200 ou 300 fidèles. Les officiers de l'armée viennent pour la plupart dans cette mosquée pour la prière du vendredi», a-t-il dit. Le grand quartier général de l'état-major, à Rawalpindi, avait essuyé, le 10 octobre, une attaque audacieuse par un commando suicide d'au moins huit hommes lourdement armés. Elle avait été revendiquée par les taliban alliés à Al Qaîda. Plus de 24 heures durant, les assaillants avaient retenu en otage 42 militaires et employés civils de l'état-major, avant d'être exécutés par les commandos de l'armée. L'opération suicide s'était soldée par la mort de 22 personnes: 14 militaires dont un général et les huit assaillants. Les militaires ont lancé le 17 octobre une vaste offensive dans le district tribal du Waziristan du Sud, dans le nord-ouest, le bastion du Mouvement des taliban pakistanais (TTP), principal responsable de la vague d'attentats qui ensanglante le pays depuis l'été 2007. Le TTP a fait allégeance à Al Qaîda, qui a reconstitué ses forces dans les zones tribales frontalières avec l'Afghanistan. «Ils se vengent parce que les offensives de l'armée pakistanaise sont couronnées de succès», a estimé le ministre Malik.