Un porte-parole de la junte guinéenne a averti, dimanche soir à Ouagadougou, que l'envoi en Guinée de militaires étrangers serait considéré comme «une déclaration de guerre». «Ils (les membres du groupe de contact international sur la Guinée) ont parlé d'envoi d'observateurs militaires ou d'une force quelconque sur le territoire guinéen», a déclaré devant la presse le ministre-secrétaire permanent du Conseil national pour la démocratie et le développement (Cndd, junte), le colonel Moussa Keïta. «Ce matin, je n'ai pas hésité, au nom du gouvernement, à dire à ce groupe de contact que pour nous, gouvernement, l'envoi de toute force étrangère sur le sol guinéen sans l'autorisation préalable du gouvernement sera considéré comme une atteinte à l'autorité de l'Etat et à l'intégrité du territoire national (...), une déclaration de guerre». Le groupe de contact se réunissait à Ouagadougou dix jours après la tentative d'assassinat du chef de la junte guinéenne, Moussa Dadis Camara, qui reste hospitalisé au Maroc. Le capitaine Camara, porté au pouvoir par l'armée il y a près d'un an, a été blessé à la tête par son propre aide de camp qui a ouvert le feu sur lui. Dans son communiqué final, le Groupe de contact a préconisé l'envoi de «personnels civils et militaires» en Guinée, pour «l'instauration d'un climat de sécurité pour la population et à la protection des institutions et des principaux acteurs de la transition». «Cela doit être compris par tous: nous nous opposerons catégoriquement à l'envoi de quelque force que ce soit (...)», a insisté le colonel Keïta, chef de la délégation de la junte à Ouagadougou. «Les pays qui prétendent envoyer des forces, je les invite à s'abstenir, parce que si réellement ils le font, nous considérerons leurs actes comme une déclaration de guerre, par conséquent des dispositions seront prises», a-t-il lancé. Selon le colonel, la junte ne se sent pas concernée par le communiqué final des membres du groupe de contact, qui ont exigé que ni les membres de la junte ni le Premier ministre ne soient candidats aux prochaines élections. «Ce n'est pas à eux de dire que Dadis (Camara) ou ses proches ne doivent pas être candidats. Tous les citoyens sont égaux en droit. Même si la Constitution est suspendue cela ne veut pas dire qu'il faut prôner l'exclusion», a-t-il déclaré. «Qu'ils ne pensent pas qu'ils peuvent nous ébranler, personne ne peut ébranler ce gouvernement», a indiqué le colonel Keïta pour qui il est par ailleurs «ridicule et regrettable» de parler de formation de milices par des mercenaires en Guinée.