Des autorités locales peuvent-elles pousser l'arbitraire jusqu'à imposer aux citoyens de rester chez eux pendant que des énergumènes, sous protection policière, tournoient sous leurs fenêtres en pétaradant avec des engins hors normes? Plusieurs communes de la wilaya d'Alger ont été, hier, prises en otage par des coureurs automobiles. Tout a commencé très tôt le matin. Un dispositif policier inhabituel se met en place entre El Achour et Sebbala situés sur les hauteurs de la capitale. Des banderoles mentionnant la Fédération des sports mécaniques sont déployées. Et puis tout va très vite. Un «circuit» est choisi pour une course auto digne du siècle dernier. On ferme à la circulation les routes formant le «circuit» et on assigne par là à résidence tous les riverains à qui il était interdit de sortir ou tous ceux qui étaient à l'extérieur de rentrer chez eux. Cela a duré jusqu'à la mi-journée. Pétarades de vieilles guimbardes qui ne sont plus fabriquées comme les R8 et autres Dauphine. Embouteillages monstres sur des dizaines de kilomètres à l'est et à l'ouest du «circuit». Plusieurs autres communes comme Draria ou Oued Romane sont congestionnées. Quel intérêt peut bien présenter un tel type de spectacle? Sportif? Pas avec des voitures bonnes pour la casse! Pas dans un pays qui n'est pas producteur de voitures! Alors? Il est clair que l'argent dans ce type de compétition coule à flots. Des autorités locales peuvent-elles pousser l'arbitraire jusqu'à imposer aux citoyens de rester chez eux pendant que des énergumènes sous protection policière tournoient sous leurs fenêtres en pétaradant avec des engins hors normes? Des autorités locales peuvent-elles pousser l'arbitraire jusqu'à permettre que des citoyens se voient interdire l'accès chez eux? Qui a pris la décision d'organiser un tel «cirque»? Qui a pris la décision de prendre d'importantes routes et en faire un «circuit de course»? Où sont les élus pour expliquer aux citoyens le sens d'une telle mascarade? On avait la nette impression que quelque chose d'illégal venait de se produire. D'abord parce que personne n'a pris la peine d'avertir la population de l'organisation d'une telle course. Ensuite, il faut avoir vu la vitesse avec laquelle tout a été remonté dans les camions. Ni vu, ni connu. Aucune trace. Plus de banderoles. Seules les traces de pneus sur le bitume témoignent de la vitesse des «bolides». Un poteau est quand même à terre juste devant le commissariat de Seballa «abattu» de plein fouet par une «Dauphine» qui faisait la grenouille. Plus sérieusement, les autorités locales, wali en tête, devraient se faire plus attentifs au respect et à la quiétude des citoyens. Mettre les policiers en première ligne pour essuyer tout le courroux des riverains à qui il était interdit de rentrer ou sortir de chez soi est injuste et même dangereux à l'heure où la Dgsn fait des efforts gigantesques dans le travail de proximité. Déjà que ces mêmes communes souffrent chaque jour d'une circulation inextricable face à toutes les cités qui naissent avec un réseau routier qui date des calèches, voilà que même le week-end les nerfs de leurs habitants sont mis à rude épreuve. Divertissement, oui! Dans la joie et la bonne humeur à répandre dans les cités, mille fois oui! Mais faire main basse sur toute une région pour en chasser les habitants et la livrer à une horde de déchaînés du volant, non, non et non! Le seul résultat obtenu à la fin de la «compétition» est un gros gâchis pour les autorités en général, et la Dgsn en particulier, qui travaille à se rapprocher du citoyen. Tous les riverains ne cessent de s'élever contre de telles «initiatives». Certains parlent même de «provocations». Ils n'ont pas tort. Que chacun assume ses responsabilités! Et qu'on ait le courage de dire à tous les citoyens tenus cloîtrés chez eux à qui a profité cette opération «vieilles guimbardes»?