Un dangereux précédent est venu indiquer que des personnes se servent de la détresse sociale des citoyens et de la candeur juvénile pour s'enrichir ou verser dans l'agitation politicienne. De graves actes de vandalisme ont été commis vendredi soir, peu après le f'tour, dans la commune de Sidi-Maârouf, située au sud de la wilaya de Jijel. Des témoignages concordants précisent que des poteaux électriques, des vitres des bureaux administratifs de l'APC et de la daïra du mobilier scolaire d'un lycée ont été saccagés. Dans le même temps, apprend-on de mêmes sources, les manifestants ont racketté 100.000 DA d'un citoyen et un téléphone cellulaire. Ces actes, nous dit-on encore, ont pu être commis impunément à la faveur d'une tempête de sable qui a balayé la région. Loin de s'arrêter là, les manifestants ont mis le feu à des pneus tout le long de la RN 27 menant vers Constantine, perturbant sensiblement la circulation routière sur cet axe à forte densité. Ces émeutes, loin de ressembler à toutes celles qui les ont précédées durant toute l'année écoulée, tend au contraire à montrer que des agitateurs pourraient se trouver derrière. «Des personnes cagoulées étaient derrière pour exhorter les jeunes à la casse du mobilier public», a en effet indiqué le chef de la daïra, ajoutant que le «mouvement de contestation a commencé vers 19 h alors que la visibilité était nulle, ne permettant pas d'identifier les manifestants, ni même d'en déterminer le nombre». Hier matin, le calme était revenu dans la localité tandis que chacun vaquait à ses occupations habituelles comme si rien ne s'était produit la veille. «Aucun citoyen ne s'est présenté pour réclamer quoi que ce soit, pour justifier les actes commis la veille», s'est indigné, à juste propos, le chef de daïra cité par l'APS. Une enquête a certes été ouverte afin de tenter de débusquer les meneurs de ces émeutes «spéciales». Mais l'omerta qui frappe toute la localité risque de rendre particulièrement ardu le travail des magistrats et policiers enquêteurs. Dans le même temps, on apprend qu'un mouvement de protestation a eu lieu hier dans la localité de Ayoun-Assafer, sise à 10 km au sud de Batna, où un groupe de citoyens a bloqué, pendant plus de dix heures, la circulation routière en érigeant des barricades sur la chaussée. Selon des sources proches de la Protection civile locale, ces citoyens ont bloqué la circulation routière avec des pierres et des pneus brûlés et ce, pour appuyer leurs revendications liées essentiellement à la réparation par l'Opgi des toitures de leurs appartements, emportées ou détruites par les rafales de vents du week-end dernier. De nombreux protestataires ont révélé que les toits de leurs maisons, construits en zinc, ont été placés dans des conditions anarchiques, loin de toute norme. La cité Ayoun-Assafer a bénéficié, en 1996, de nombreux chantiers de construction de logements sociaux, de type individuel, destinés à désengorger le chef-lieu de wilaya. 1000 logements sociaux ont été réalisés entre 1996/97, par l'Etat dans cette localité au profit des résidents des anciennes habitations illicites des cités de Bouzorane et l'abattoir de la ville de Batna. Les doléances de ces citoyens en colère semblent avoir été prises en compte par les autorités locales. Reste à se demander jusqu'à quand les citoyens auront besoin de recourir à la force pour enfin se faire entendre par ceux qui sont censés les représenter et être à leur écoute. Normal, en l'état actuel des choses, que des cercles en profitent pour verser effrontément dans l'agitation politicienne et le racket.