Etrange avatar de l'histoire, les Oranais se rappellent des épisodes de la célèbre saga littéraire d'Albert Camus, La Peste. «Les professeurs et les chefs de service se réuniront aujourd'hui avec le directeur général du CHU pour débattre des conditions de la prise en charge des malades de la grippe porcine et des dernières évolutions du virus», a indiqué un professeur exerçant à l'hôpital d'Oran. 8h du matin: le directeur général du CHU d'Oran gagne discrètement son bureau. Quelques minutes plus tard, d'autres personnes aux cheveux grisonnants lui emboîtent le pas sans pour autant faire grand bruit. «Ceux-là, sont les chefs de service et les maîtres assistants, ça va sûrement barder», a expliqué notre professeur. Alors que les débats suivent leur cours normal dans le bureau du directeur général, les couloirs du plus grand hôpital de l'ouest du pays sont livrés à l'intox ravageur et à la rumeur stressante, laissant le soin aux infirmiers, agents de sécurité et de gardiennage d'assumer des missions qui ne sont pas les leurs: rassurer la population en quête du minimum d'information. «Tout ce qui brille n'est pas or et toute toux ou fièvre ne peuvent forcément être les symptômes de la grippe porcine», apaise-t-on un peu partout dans les services et structures sanitaires d'Oran qui peinent à contenir le flux humain grandissant. Ainsi, des dizaines de femmes enceintes, souffrant de grippe et de toux, continuent d'affluer vers les services des maladies infectieuses. Même situation aux urgences médicales et chirurgicales, notamment celle de la maternité où pareil constat est relevé. Une vingtaine de ces femmes, ne portant pas le virus H1N1, ont regagné leurs domiciles après qu'une dizaine d'entre elles aient été vaccinées contre la grippe saisonnière. Par ailleurs, d'autres ont subi des prélèvements sanguins. La panique est générale tandis que les populations ne croient plus au Père Noël. Même les vaccins antigrippe A font désormais peur. La maternité et la rumeur de la mort Il est 9h du matin: le corps médical et paramédical entame une nouvelle journée aux sempiternels casse-tête. «Mille égarements nous attendent à la faveur de toutes les angoisses qui s'accumulent dans les salles d'attente et les couloirs des différents services», s'inquiète une infirmière cachant mal son visage à l'aide d'une écharpe en laine. Un psychologue, se dirigeant vers le service de la médecine du travail, voit mal le port, dans les allées du CHU, des bavettes. «Pourquoi sème-t-on la pagaille de la sorte?», s'est-il emporté avant d'annoncer sa sentence: «L'hôpital d'Oran n'est pas ce grand réservoir de virus H1N1 que l'on croit», a-t-il démenti révolté. A l'autre bout de l'hôpital, en particulier dans les couloirs et les salles d'attente, les débats sont houleux. Intervenant à l'occasion des 5es journées de gynécologie-obstétrique et de médecine de reproduction à l'Hôpital central de l'Armée (HCA), le docteur Belida Allouache, obstétricienne dans le même établissement, a affirmé que la femme enceinte était la plus exposée au virus H1N1 en raison de son état et de la vulnérabilité de son système immunitaire. L'affection de la femme enceinte par le virus H1N1, l'expose à deux risques: une difficulté respiratoire sévère et, dans certains cas, le décès, a-t-elle mis en garde. En cas d'apparition de certains symptômes, une forte toux, des douleurs articulaires et une hyperthermie notamment, la femme enceinte doit obligatoirement consulter un médecin pour s'assurer qu'elle n'a pas contracté le virus de la grippe A/H1N1 ou, si sa contamination est avérée, se soumettre au traitement antiviral, le «Tamiflu» en l'occurrence.