Le secrétaire général de l'ONU a lié le sort de la militante sahraouie aux négociations entre le Polisario et le Maroc. L'état de santé d'Aminatou Haïdar préoccupe au plus haut point les instances internationales, à leur tête l'Organisation des Nations unies. Lundi dernier, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est déclaré «très sérieusement inquiet» de la détérioration de l'état de santé de la «Gandhi du Sahara» comme la qualifie la Fidh. Expulsée du Maroc le 13 novembre dernier, Aminatou est en grève de la faim depuis un mois. Par cette action, Aminatou Haïdar oppose la raison humaine à la raison d'Etat, ou plutôt aux velléités expansionnistes sous couvert d'une souveraineté sans fondement historique. En effet, le Maroc avait expulsé de Casablanca vers l'aéroport de Lanzarote, la militante sahraouie pour le fallacieux motif de reniement de la nationalité marocaine. Depuis, de hauts responsables du Makhzen se sont succédé pour essayer de faire avaler la couleuvre aux instances internationales: l'instrumentalisation d'Aminatou Haïdar par...Alger. Dans une rhétorique dénuée d'humanisme, M.Taïeb Fassi-Fihri, ministre marocain des Affaires étrangères, avait qualifié l'action de la militante de «décision politique prise ailleurs», comprendre par là à Alger. Au terme de l'entretien qu'il a eu avec Ban Ki-moon vendredi dernier, M.Fassi-Fihri avait tenté d'escamoter le caractère humanitaire du cas de Aminatou Haïdar. Peine perdue. Trois jours après, le secrétaire général de l'ONU lie la question de la militante avec la poursuite des négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Ce dernier avait affiché sa disponibilité à coopérer, dans le cadre des résolutions de l'ONU, pour une issue juste au conflit du Sahara occidental. A ce sujet, l'instance internationale préconise l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. Pour sa part, Rabat propose une large autonomie sous administration marocaine. Seulement, cette proposition ne tient pas compte du droit des Sahraouis à disposer d'eux-mêmes. Pour rappel, quatre sessions de négociations entre le Polisario et le Maroc ont eu lieu sous l'égide de l'ONU à Manhasset, aux Etats-Unis. Ces sessions n'ont pas permis de rapprocher les positions des deux parties. En conséquence, le processus de négociations est bloqué. «Une cinquième session doit commencer le plus tôt possible», a insisté M.Ban Ki-moon. Pour cela, ce dernier a souligné la nécessité de restaurer la confiance entre Sahraouis et Marocains. Une confiance rompue à la faveur de la campagne de répression que mène la monarchie alaouite contre les citoyens et les militants du Sahara occidental. Cette escalade a soulevé un tollé à l'échelle internationale. Et le cas de Aminatou Haïdar en est la parfaite illustration. Pas plus loin qu'hier, plus d'un millier de personnalités politiques et culturelles représentant 34 pays, ont adhéré à la campagne lancée par l'écrivain uruguayen Adordo Galiano. Signataires d'une pétition, poètes, écrivains, académiciens et professeurs des cinq continents dénoncent les violations des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental. Cette campagne intervient quelques jours après la conférence internationale d'Alger en soutien au peuple sahraoui. Laquelle conférence a regroupé 360 élus locaux venus de 31 pays. L'étau se resserre sur le Maroc.