La question de contacts avec les émissaires du pouvoir a dominé les débats. C'est à une véritable audition des ex-détenus à laquelle on a assisté, hier, à Akbou à l'occasion du miniconclave de «confrontation» ou de «débat de fond», c'est selon, entre les ex-détenus du mouvement citoyen et leurs camarades, délégués communaux. La question de contacts avec les émissaires du pouvoir, confirmés par certains ex-détenus et infirmés par d'autres, a dominé les débats qui ont eu lieu dans le même climat de suspicion et de doute qui a caractérisé le conclave de M'cisna. Présidée par Z. Benkhellat et les délégués de Chellata et M'cisna, la séance n'a été ouverte que vers 13h, sans la présence de deux ex-détenus, en l'occurrence Ali Gharbi et Farès Oudjedi. D'emblée, Zahir Benkhellat a tenu à préciser à l'assistance que «cette rencontre proposée par la délégation d'El-Kseur (absente hier) est venue à la suite des divergences sur la question du dialogue», précisant: «Cette rencontre n'est pas une confrontation, mais constitue un débat de fond pour lever toute équivoque au sujet du dialogue.» «Il faut mettre les choses au point», dira-t-il à l'assistance en se référant au code d'honneur. «Personne ne peut engager le mouvement selon sa volonté», clame-t-il en rappelant que le Cicb est le seul cadre représentatif. Lui succédant, plusieurs représentants des communes ont abondé dans le même sens allant jusqu'à proposer «leur exclusion pure et simple». Plus conscients du risque qu'une telle sentence pourrait engendrer sur la cohésion du mouvement citoyen, d'autres intervenants ont préféré parler d'«interpeller» des ex-détenus par rapport à leurs propos dans une déclaration sanctionnant les travaux de ce miniconclave. Khettaf Oudjedi, délégué d'Akfadou, prend la parole pour poser d'abord le problème des arrestations triées et du traitement réservé aux détenus durant leur incarcération. Ces deux éléments relèvent, à ses yeux, «des manipulations du pouvoir pour créer un leadership, une sorte de verticalité dans le mouvement». L'orateur revient ensuite sur les événements qui ont secoué la structure après la libération des détenus. «Même si la plate-forme d'El-Kseur est acceptée, c'est au mouvement de décider» martèle-t-il, allusion aux déclarations de Ali Gharbi. Il précisera à la fin «la démarcation de ces déclarations». Khoudir Benouaret, codétenu de Ali Gharbi, prend la parole après concertation avec la délégation de sa commune. Il alertera, dans un premier temps, ses camarades «sur l'étape critique que traverse le mouvement». Les larmes aux yeux, il rappelle dans son analyse les différentes réponses données au pouvoir. «Nous avions l'espoir d'être compris par nos camarades en liberté», explique-t-il avant de s'interroger sur «l'argent du gala, le dépôt de plainte...», façon de retourner la question aux différents délégués. Yazid Mahdi, inquiet de la tournure que prennent les débats, intervient pour avertir «du piège tendu par le pouvoir». Les «conclavistes» ont fini par convenir de faire ressortir dans leur déclaration finale un certain esprit rassembleur, mettant ainsi de côté les divergences de vues qui se trouvent à l'origine de la toute la cacophonie essentiellement générée par les contacts établis entre les représentants du pouvoir et les ex-détenus. Le point essentiel qui a donné lieu à ce climat de suspicion repose sur l'utilisation par Ali Gharbi du mot «acceptation» de la plate-forme d'El-Kseur au lieu de «satisfaction». Ali Gharbi, arrivé au conclave au moment de l'adoption de cette motion a été invité à s'expliquer sur ce retard. Il a réagi vivement en lançant de graves accusations contre d'autres délégués, ce qui a créé un brouhaha général. En définitive, les participants, non sans mal, ont reconduit les principes directeurs du mouvement. Ils se sont aussi démarqués officiellement des ex-détenus.