Tout laisse croire que les Américains ont été induits en erreur par les Français. Alors que beaucoup d'observateurs font l'éloge de l'expérience algérienne en matière de lutte antiterroriste, certains cercles du pouvoir occidental demeurent sceptiques. Curieusement et parallèlement à l'évolution positive de la lutte antiterroriste, les pouvoirs occidentaux multiplient les provocations à l'égard de l'Algérie. Après la France qui vient de classer l'Algérie parmi les pays à haut risque au même titre que le Mali, la Somalie, le Yémen et la Mauritanie, secoués par des attentats terroristes, c'est au tour de l'administration américaine, sous la direction de Barack Obama, de classer l'Algérie sur la liste des 14 pays pour lesquels les procédures de sécurité aérienne ont été renforcées par les Etats-Unis au lendemain de l'attentat manqué contre un avion de ligne américain, par un jeune Nigérian. Ces procédures, entrées en vigueur hier, visent des Etats accusés par Washington de «soutenir le terrorisme» - Cuba, Iran, Soudan et Syrie - ainsi que l'Afghanistan, l'Algérie, l'Arabie Saoudite, l'Irak, le Liban, la Libye, le Nigeria, le Pakistan, la Somalie et le Yémen. A l'exception de Cuba, tous ces pays sont majoritairement musulmans. Les ressortissants de ces 14 pays de même que les passagers y ayant transité seront soumis à une fouille corporelle et à une fouille de leurs bagages à main. Le département d'Etat a précisé dans ce communiqué que tout individu, peu importe sa nationalité, atterrissant sur le sol américain en provenance d'un des pays sur la liste noire, devrait passer par les contrôles poussés. Elles viennent s'ajouter à celles mises en place au lendemain de l'attentat avorté, il y a dix jours, sur le vol Amsterdam-Detroit. Certes, le département d'Etat américain a rendu public le nom d'une dizaine de pays inscrits sur la liste noire contenant 14 pays. Mais le New York Times et le Washington Post, citant des responsables gouvernementaux, ont affirmé que les quatre pays restants étaient l'Algérie, le Liban, l'Arabie Saoudite et l'Irak, sans pour autant divulguer les critères et les paramètres selon lesquels le département américain a fait son «casting». A moins d'y être poussé par son allié français qui a classé, la semaine dernière, l'Algérie comme un pays à risque. Il semble bien que les victoires de l'ANP ont suscité une réaction négative de la part de ceux qui veulent garder le statu quo en Algérie. Pourtant, il est bien révolu le temps où l'Algérie était soumise à un embargo des plus sévères de la part des puissances occidentales, alors qu'elle faisait face à un terrorisme des plus barbares. Pour rafraîchir la mémoire courte à certains cercles politiques, il convient de leur rappeler que ce sont les attentats du 11 septembre aux USA, l'hécatombe de la gare de Madrid et la psychose qui avait envahi au moins quatre capitales européennes qui ont ouvert les yeux du monde sur la menace transnationale du terrorisme, et qu'enfin l'Europe et Washington ont fini par reconsidérer et revoir leur position de méfiance vis-à-vis de l'Algérie qui n'avait cessé de mettre en garde le monde contre la menace terroriste. Le recul de la menace terroriste en Algérie et le retour progressif de la paix à travers l'ensemble du pays n'arrangent pas les affaires de certains cercles de décision. L'Algérie doit garder et coller à l'image d'une menace. Les discours des Occidentaux demeurent des plus contradictoires. On verse d'un côté dans la provocation la plus totale, de l'autre, on veut tirer profit de l'expérience algérienne qui n'est plus à démontrer. La leçon n'a pas été comprise. Et pourtant, ce n'est pas en Algérie que les rapts d'Occidentaux se font au grand jour. Certes, le département d'Etat américain ne classe pas l'Algérie dans la liste rouge des pays «formellement et dans tous les cas» déconseillés, mais elle figure parmi les quatorze pays «déconseillés». En classant l'Algérie pays à risque, Washington n'incite pas ses investisseurs à venir en Algérie et démontre le décalage avec la volonté exprimée d'un «resserrement des liens» entre les deux pays. Et dire que les plus hauts responsables de la lutte antiterroriste occidentaux et à leur tête les Américains, ne cessent, particulièrement en aparté et en marge d'importantes rencontres, de solliciter l'expérience des services de sécurité algériens.