Un large débat a été initié par l'Autorité palestinienne autour de l'unité nationale et regroupe depuis lundi, à Ghaza, plusieurs mouvements de la résistance palestinienne, notamment le Fatah, le Jihad islamique et Hamas. Deux questions clés donnent la dimension de ce débat: l'arrêt des attentats en Israël et la préparation des prochaines élections des institutions législatives et exécutives palestiniennes. Pour le premier point, des divergences subsistent entre les mouvements palestiniens, quant à la reconsidération des objectifs de résistance et le choix de porter les attaques en Israël même. Ainsi, Hamas et le Jihad ne cachent pas leurs intentions de poursuivre leurs actions de résistance en territoire ennemi. Ismaïl Abou Chanab, un dirigeant de Hamas à Ghaza, indique: «Notre mouvement reste attaché à son droit légitime de résister à l'occupation sur toute la terre de Palestine, y compris par des opérations martyres, et rejettera tout document lui récusant ce droit.» Tout aussi ferme se montre le responsable à Ghaza du Jihad islamique, Mohamed El Hindi, qui affirme: «Le Jihad islamique continuera de résister à l'occupation, même si nous parvenons à un accord sur un document en discussion avec l'Autorité palestinienne.» Seul le mouvement du président Arafat, le Fatah, a pris la décision de «limiter sa résistance aux territoires occupés le 5 juin 1967», comme le confirme Zakaria Al-Agha, responsable du mouvement à Ghaza. Aussi, les discussions sur l'arrêt des attentats en Israël ne semblent pas avoir fait, pour le moment, le consensus des divers mouvements palestiniens. Cela d'autant plus que l'arrêt des attentats est l'une des conditions posées par les Etats-Unis pour la mise en oeuvre de «sa vision de la paix» pour le Proche-Orient. Outre cet aspect récurrent de la problématique palestinienne, la discussion a également tourné autour des échéances prochaines que sont les élections de renouvellement des institutions palestiniennes: le Collège législatif, la Présidence et la première consultation municipale, dont les scrutins sont prévus entre janvier et mars 2003. A ce propos, il est question d'arriver à une décision unifiée des différents partenaires palestiniens pour la mise en place de structures efficaces à même de prendre en charge les préoccupations de la population palestinienne. Un document faisant la synthèse des propositions en débat affirme aussi les objectifs à atteindre qui consistent en la fin de l'occupation israélienne des territoires palestiniens, y compris El Qods-Est, l'édification d'un Etat palestinien doté de tous les attributs de souveraineté, (dans les territoires occupés en 1967), avec El-Qods-Est comme capitale, le droit de retour des réfugiés conformément à la résolution 194 de 1949. Ces discussions interpalestiniennes auxquelles prennent part les principaux mouvements palestiniens annoncent un recentrage de la lutte dans les territoires occupés et ce, pour une meilleure prise en compte par la communauté internationale du fait palestinien. L'arrêt des attentats (en Israël) et les échéances électorales sont le fondement de ce recentrage. Toutefois, comme le réitère l'Autorité palestinienne, ces élections ne pourront se tenir tant que l'armée israélienne continue d'occuper les villes autonomes palestiniennes investies en mars dernier.