Cette affaire, qui remonte à 1992, réapparaît à la veille d'une échéance électorale. S'agit-il de manoeuvres souterraines d'un quelconque parti, d'une diversion ou d'une simple réplique - suite - des feuilletons de l'été? Quoi qu'il en soit, les révélations fracassantes promises par l'association des moudjahidine de la wilaya de Tipasa n'ont rien apporté de nouveau à une affaire publiée pour la première fois par L'hebdo libéré en 1992. Lors de la conférence de presse qu'il a organisée hier, M.Boukaba, président de l'association des moudjahidine de la wilaya de Tipasa, a déclaré, d'une manière ferme, que «plus de 80% des moudjahidine sont des faux». Il a affirmé que la wilaya de Tipasa a recensé, jusqu'à la fin des années 80, 2.000 moudjahidine. «En 1990, dit-il, on nous en déclare 10.000». Selon M.Boukaba, l'Algérie possédait en 1962, 70.000 moudjahidine, pour se retrouver, 40 ans plus tard, avec des milliers de faux. A ce propos il déclare posséder des piles de dossiers et s'apprête à sillonner les 48 wilayas du pays pour «ridiculiser l'ONM qui se trouve dans une situation illégale vis-à-vis de la loi puisque ça fait 7 ans qu'elle n'a pas tenu de congrès». Le ministre des Moudjahidine, Chérif Abbas, a reconnu, le 4 mai dernier à Jijel, l'existence dans son département «d'une véritable mafia de faussaires» et que l'Algérie, qui comptait 9 millions d'habitants en 1962, octroie, aujourd'hui, 5 millions de pensions pour des anciens moudjahidine. De son côté, Benyoucef Mellouk, qui était présent à la conférence d'hier, a reproché à ces moudjahidine leur «attentisme» depuis la fin des années 80, «face à cette falsification de l'histoire». Pour rappel, Mellouk a été incarcéré à la prison d'El-Harrach puis à Serkadji avant d'être jugé en criminelle en 1992, pour avoir «divulgué des secrets» et «soustrait des documents confidentiels». Repris par un hebdomadaire national, Mellouk a déclaré que «le trafic des fausses attestations communales a commencé dès la publication d'un décret au début des années 70, stipulant que pour être intégré dans le corps des magistrats ou celui des cadres de l'Etat, dans les ministèreset autres administrations publiques, il fallait prouver sa participation à la lutte de libération par la détention de la fameuse attestation».