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Avec un goût de victoire
TIZI OUZOU
Publié dans L'Expression le 12 - 01 - 2010

Yennayer a été choisi par nos ancêtres, à la suite de la victoire remportée par le roi berbère Chachnaq contre les troupes de Ramsès II, le pharaon d'Egypte.
Cette année, la célébration de Yennayer dans les quatre coins de l'Algérie, revêt un goût de victoire et pour cause, le succès de l'Equipe nationale devant l'équipe égyptienne de football et tout ce qui avait accompagné cette joute. L'occasion est de rappeler que le premier Jour de l'An berbère, Yennayer, a été choisi par nos ancêtres, à la suite de la victoire remportée par le roi berbère Chachnaq contre les troupes de Ramsès II, le pharaon d'Egypte. Dans l'une des régions d'Algérie où Yennayer ne passe jamais inaperçu, à savoir la Kabylie, cette journée a vu l'établissement d'un programme d'animation grandiose. Mohand Akli Haddadou sera ainsi présent à la Maison de la culture Mouloud Mammeri aujourd'hui, pour animer une conférence ayant pour thème «Les traditions culinaires à Yennayer». Une communication dont le thème ne manquera pas de déborder sur des questions plus historiques, comme revenir avec des précisions sur le fameux événement. Une autre universitaire du même département, apportera des éclairages au sujet des repas de Yennayer, dans une économie de subsistance.
La conférence sera animée par Houria Abdenebi. En attendant que l'Etat se prononce officiellement pour l'institutionnalisation du jour de l'An berbère, cette journée est commémorée avec le même faste dans les quatre coins de l'Algérie. En plus du mouvement associatif et des institutions de l'Etat, Yennayer est marqué systématiquement par des familles au moins par un repas traditionnel où le couscous aux légumes se conjugue soit avec le coq soit avec la poule, selon les moyens. L'institutionnalisation de Yennayer a été une revendication constante de tous les mouvements ayant milité pour la réhabilitation de la dimension historique amazighe de l'Algérie. Après le mouvement culturel berbère, le Mouvement citoyen a aussi inscrit cette question dans sa plate-forme de revendications.
Le Haut commissariat à l'amazighité réitère, à chaque fois que l'occasion lui est donnée, la nécessité de faire de Yennayer une journée fériée. Mais à ce jour, il n' y a pas eu de réponse de la part des officiels. Pourtant, la question amazighe a été réglée en grande partie depuis l'introduction de la langue amazighe dans le système éducatif, en 1995, puis sa constitutionnalisation comme langue nationale en 2003, sans référendum populaire et enfin avec le lancement d'une chaîne de télévision en langue berbère.
La revendication inhérente à l'institutionnalisation de la journée de Yennayer est d'autant plus légitime que cette journée concerne l' ensemble des régions du pays et n'est pas uniquement circonscrite à une seule.
D'ailleurs, le Haut commissariat à l'amazighité a choisi la wilaya de Bordj Bou Arréridj, afin de célébrer Yennayer, cette année. Le choix de cette localité n'est pas un hasard, mais il vise naturellement à faire de Yennayer une halte qui touchera chaque année une wilaya donnée. Cette manière de procéder, choisie par le HCA, dont la mission est de contribuer à la réhabilitation de tamazight, est d'un grand intérêt. Car Yennayer, malgré la modernité et ce qu'elle a entraîné, a sauvegardé beaucoup de ses aspects traditionnels.
Ainsi, ce jour de fête symbolise la fécondité et le renouvellement. Il est caractérisé par un ensemble d'activités telles la cueillette de plantes vertes, la préparation de repas de fête avec crêpes et couscous à la viande de poulet. C'est durant la journée de Yennayer que les parents procèdent à la toute première coupe de cheveux pour les petits garçons. La fête, elle-même, consiste en la préparation de deux repas: le repas du premier soir est composé de couscous et de beignets dont il faut manger à satiété pour être préservé de la famine le reste de l'année, selon la croyance.
Les restes du repas doivent être déposés près de l'âtre pour les «gardiens de la maison» qui y résident. Il n'y a pas très longtemps, les traditions de Yennayer étaient plus riches que ce qui se pratique, aujourd'hui. Ainsi, la meule en pierre recevait un peu de blé ou d'orge et les trous de l'ensouple inférieure du métier à tisser, quelques poignées du couscous qui a été partagé par la famille lors du repas du soir.
Le lendemain, le repas comprend une poule égorgée pour la circonstance. Le père choisissait Yennayer pour qui, suivait la naissance d'un garçon afin d'effectuer la première coupe de cheveux et achetait une tête de boeuf avec laquelle il décrivait au-dessus de la tête de son fils, les gestes de l'expulsion des forces mauvaises, devant les très proches parents.
Il coupait sur la tête de son fils quatre mèches: sur la tempe droite, la tempe gauche, le front et la nuque. Pour la circonstance, la mère préparait un couscous à la viande et aux fèves que les alliés et les parents venaient partager et dont une partie était offerte aux pauvres et aux mendiants, comme message de l'invisible.


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