Le taux de non-remboursement des crédits accordés aux PME est préoccupant. Le taux de non-remboursement des crédits bancaires serait supérieur à 25%, selon des estimations officielles. «Le taux est préoccupant et important. Tout dépend des banques», a expliqué Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef), invité hier à la Chaîne III de la Radio nationale. M.Benkhalfa a cependant refusé de confirmer le chiffre de 100 milliards de dinars de crédits non remboursés, se contentant de dire que le chiffre est différent d'un secteur à un autre. Selon lui, ce taux ne permet pas, dans les circonstances actuelles, d'accéder facilement aux crédits. «Cette situation complique les négociations autour des financements nouveaux. Il faut que le crédit reste orthodoxe et garanti, adossé sur la fiabilité de l'entreprise», a-t-il soutenu. Il y a, selon lui, des instruments qui permettent de recouvrer les crédits. «Chez nous, les banques recourent faiblement à la justice. Il y a donc des solutions à l'amiable. Nous n'avons pas d'autre choix que de rendre le tissu des entreprises compétitif. La première responsabilité incombe aux entreprises puis aux pouvoirs publics», a indiqué Abderrahmane Benkhalfa. Les choses devront s'améliorer. Le système de garantie de crédit est restructuré et élargi. La Caisse de garantie le Fgar, à la faveur des dernières décisions prises par le gouvernement, devient un instrument de garantie fort. Mais Benkhalfa met en garde contre le fait que le soutien indispensable de l'Etat ne doit pas se substituer à la compétitivité. «Les acteurs du marché, les entreprises en premier lieu, les partenaires des entreprises et les banques sont obligés de faire en sorte que ce soutien de l'Etat devienne un élément réel de compétitivité du marché.» Les banques qui disposent d'une surliquidité évaluée à plus de 50 milliards, sont disposées à financer les PME, pour peu que les entreprises présentent des dossiers fiables. «Il est impératif que les entreprises acquièrent un niveau de compétitivité et diminue le taux de non- remboursement de crédit.» Cela passe, selon M.Benkhalfa, par la mise à niveau des entreprises. «On ne peut compter uniquement sur le soutien et le budget. Il faut, ajoute-t-il, responsabiliser les acteurs économiques». Rappelons que pour l'année 2009, sur les 2700 milliards de crédit alloué par les banques, 900 milliards ont profité aux PME, soit 17% des crédits débloqués. Sur un autre regis-tre, le délégué général de l'Abef suggère que l'acte de prise de risques par les banques ne soit pas criminalisé. «Il faut dépénaliser l'acte de prise de risques», propose-t-il en ajoutant que les échecs (impayés) ne doivent pas être supportés par ceux qui prennent des risques. «Il faut libérer les initiatives de prise de risques à l'intérieur de nos banques», préconise-t-il. Benkhalfa a estimé que la lutte contre la corruption est une cause nationale. Les banques ne sont pas touchées plus que les autres secteurs par ce phénomène. Au contraire, «elles constituent un facteur privilégié dans cette démarche». Il conclut en soulignant qu'«il ne faut pas que la corruption cache le bon côté de l'économie nationale». Enfin, Abderrahmane Benkhalfa a expliqué que les mesures prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 et celle de 2010, notamment les bonifications des taux d'intérêt pour les crédits logement et les PME entreront en vigueur dès la publication des textes d'application. Il affirme que la production de ce type de règlement nécessite du temps et une profonde réflexion.