Les mouvements incessants de grève observés par les praticiens ont mis à nu les tares d'un secteur en perpétuelle agonie. Les moins futés forment tandis que les malins en profitent. La harga n'est pas l'apanage exclusif des jeunes en désespoir. Des médecins, toutes spécialités confondues, sont de plus en plus attirés par le travail à l'étranger laissant le secteur public se battre contre vents et marées. Les structures sanitaires d'Oran continuent de se vider de leurs meilleurs éléments. En l'espace de deux ans, plus de 220 praticiens ont démissionné de leurs postes pour aller monnayer leurs talents ailleurs. Si la majeure partie de ces derniers a opté pour l'étranger, une petite marge s'est fait recruter dans des cliniques privées locales en raison des avantages pécuniaires. Malgré les conditions rigoureuses exigées ailleurs, la saignée continue. Au moins 3000 médecins, ayant abandonné les structures sanitaires locales, exercent dans des conditions déplorables à l'étranger. La majeure partie, qui s'est installée ailleurs exerce au noir, aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis ou encore au Canada, apprend-on auprès de sources fiables. Aussi, ces médecins exercent parfois dans des conditions discriminatoires. «Ces pratiques sont connues en Europe. Dès leur recrutement, ces médecins sont dégradés aux postes d'infirmiers alors que leur formation initiale leur permet d'assurer de grandes responsabilités», ajoute-t-on. L'Algérie est-elle ce réservoir, par excellence, qui conforte les structures sanitaires d'ailleurs aux dépens du secteur public? La problématique semble avoir été sérieusement posée dans les bureaux des responsables hiérarchiques, en particulier le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Mais la solution tarde toujours à venir. «Les mouvements incessants de grève observés par les praticiens ont mis à nu les tares irrémédiables d'un secteur en perpétuelle agonie. La prise en charge socioéconomique des blouses blanches tarde à voir le jour», fulmine-t-on. Et d'ajouter: «Assister aux scènes de matraquage des médecins demandant l'amélioration de leurs conditions socioéconomiques, il y a de quoi prendre sa valise et aller très loin», a regretté un médecin urgentiste au Centre hospitalo-universitaire. C'est un secret de Polichinelle que de dire que le médecin algérien souffre énormément de son actuel statut.