En l'espace d'une décennie, une dizaine d'usines ont été fermées. La filière tomate industrielle n'est pas près de voir le bout du tunnel dans lequel elle s'est engouffrée ces dernières années. Sa pérennité est même menacée. Les pertes, tant du point de vue de la surface cultivable que de celui de la main-d'oeuvre sont conséquentes. En l'espace d'une décennie, une perte de plus de 80.000 postes d'emploi a été enregistrée suite à la fermeture d'une dizaine d'usines de transformation. C'est ce qu'a reconnu hier, le président de la Chambre nationale de l'agriculture, Mohamed Cherif Ould El Hocine. Selon lui, ces importantes pertes ont été enregistrées principalement dans les wilayas de l'est du pays comme Annaba, El Tarf et Guelma. Ce dernier a imputé ces résultats aux importations massives de double et de triple concentré de tomate. «Les importations massives de triple et double concentré de tomate perturbent toute la filière», a argumenté ce responsable qui s'exprimait sur les ondes de la Radio nationale. Il a poursuivi en expliquant que ces dernières ont contribué peu à peu à la diminution de la surface cultivable, de plus en plus délaissée, au profit de l'activité de l'importation. Sur sa lancée, il révèlera qu'en l'espace de dix années, cette filière a perdu 25.000 hectares de surface cultivable. «Nous sommes passés de 32.000 hectares à 7000 hectares. Ce n'est qu'en 2008 que nous avons pu redresser un peu la barre en remontant à 17 000 ha. (...) Il y a une divergence entre ceux qui produisent la tomate industrielle et ceux qui la transforment», a-t-il fait savoir. Et pour cause, les agriculteurs ayant choisi ce créneau font face à de multiples problèmes d'ordre agricole. Des problèmes qui, à leur tour touchent également les transformateurs, directement liés à la production de la tomate fraîche. Ces derniers font alors face à des entraves paralysant le fonctionnement de leurs unités, dont plus de la moitié ont mis la clef sous le paillasson. Un état des lieux qui contraste fort avec ce qui se faisait dans le secteur il y a de cela 15 années. La filière dégageait alors un chiffre d'affaires de 12 milliards de dinars au milieu des années 1990 et était même arrivée à exporter vers la Russie en 1996. Pourtant, la capacité de production du concentré de tomate en Algérie est de 160.000 tonnes par an. Ainsi, non seulement les besoins de la consommation nationale, estimés à 70.000 tonnes par an, peuvent être satisfaits, mais il est également possible d'exporter le double concentré de tomate et même le triple vers d'autres pays, pourvu que le secteur soit relancé par des mesures concrètes. Dans ce contexte, un soutien des pouvoirs publics est vivement souhaité. A ce sujet, le président de la CNA a plaidé pour une protection tarifaire aux frontières pour mieux organiser l'activité de l'importation à même de permettre une relance de la filière. «Il faut faire en sorte qu'il n'y ait plus d'importation de concentré de tomate. Il faut une meilleure protection aux frontières par rapport aux importations formelles; nous voulons que l'Etat nous protège par des mesures tarifaires pour relancer cette filière. Et nous voulons également endiguer le phénomène d'importations informelles d'un pays voisin qui nous fait beaucoup de mal», a-t-il soutenu.