Ce n'est peut-être qu'un cas d'école, mais le responsable de Sonelgaz avertit que la société est au bord de la faillite. Le courant ne passe pas entre Sonelgaz et le secteur de l'eau qui continue à fermer le robinet pour ne pas laisser écouler les sommes dues à cette entreprise. L'accusation vient de son premier responsable, Noureddine Bouterfa, dans un entretien accordé hier à un confrère. Les créances globales du groupe s'élèvent à 40 milliards de dinars. Le secteur public en est responsable pour moitié. L'Algérienne des eaux et les barrages sont les plus endettés. Pourtant, Sonelgaz a grandement besoin d'argent, elle qui n'a pas augmenté ses tarifs depuis longtemps. Cette situation ne saurait durer éternellement, selon le même responsable. Il avertit que si le prix du baril de pétrole descend à 10 dollars, il y a de fortes chances que le groupe sombre dans la catastrophe. L'Etat ne serait plus en mesure de soutenir le prix de l'électricité et ce sera la fin de vie de Sonelgaz, selon les propos de son manager. Les citoyens ne disposeront plus d'électricité que pendant 2 à 3 heures par jour. Bouterfa désigne les coupables. Selon lui, l'Ugta s'est toujours opposée à une augmentation des tarifs. Jusqu'à présent, l'Etat prend en charge une partie des dettes de l'entreprise permettant de la sorte aux banques de continuer à la financer. Les dettes s'élèvent à 380 milliards de dinars et les ministères des Finances et de l'Energie sont en discussion pour dégager une solution à cette situation. Pour l'instant, le président-directeur général ne brosse pas un tableau reluisant de la société car il souligne que le bilan de 2009 est négatif, ce qui l'empêche même de recourir aux emprunts obligataires. Comme si cela ne suffisait pas, le P-DG fait état d'incidents en série sur le réseau de distribution et du jeu malsain de certaines parties internes à la société. Cela aurait contribué à créer des perturbations dans l'approvisionnement en septembre 2008. A court terme, soit de 2010 à 2015, il faut mobiliser 1800 milliards de dinars pour l'approvisionnement en électricité à travers la construction de nouvelles centrales appartenant à l'entreprise, a tenu à préciser Bouterfa. L'extension des capacités des centrales existantes est aussi prévu. En 2009, ce sont déjà 250 milliards de dinars qui ont été investis. Il faut consentir un investissement de 3 milliards de dollars par an pour maintenir un niveau suffisant d'approvisionnement en électricité. Cet objectif ne pourrait être atteint sans anticipation sur les investissements du fait que la demande croît régulièrement. La maintenance des équipements est un autre moyen de garder le rythme de fourniture de l'électricité. Près de 800 millions de dinars sont dépensés pour ce poste en cinq ans rien qu'à Alger. Pour Bouterfa, c'est aujourd'hui que se prépare l'avenir. Le fait de prendre des dispositions pour lancer des projets à concrétiser en 2015 trouve sa genèse dans cet esprit d'anticipation. Car le président-directeur général n'aime pas jouer avec le feu, selon ses propres termes. C'est de cette manière qu'il exprime la conviction selon laquelle il s'interdit de laisser les Algériens sombrer dans le noir. Le P-DG s'est aussi exprimé sur l'affaire du Fonds des oeuvres sociales en niant toute implication des cadres de Sonelgaz. Il n'y a pas, non plus, de surfacturation ni d'affaire de Omra, ajoute le même responsable.