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« Il faut arrêter de jouer avec le feu »
Noureddine Bouterfa. PDG du groupe Sonelgaz :
Publié dans El Watan le 02 - 03 - 2010

Je soutiens qu'à long terme, il n'est pas bon autant pour Sonelgaz que pour ses clients de rester sur une fourchette de prix qui sont loin de correspondre à la réalité. Certes, actuellement le prix du baril de brut oscille entre 70 et 80 dollars. Mais imaginons un peu que les prix du pétrole chutent à nouveau à 10 dollars le baril. A ce moment, que se passera-t-il ? Est-ce que l'Etat sera en mesure de soutenir les prix à leur niveau actuel ? J'imagine que tout le monde a des éléments de réponse concernant la question. Sachez que de telles situations peuvent mettre fin à la vie d'une société comme Sonelgaz.
Les pertes financières s'accumulent pour le groupe Sonelgaz. Les retards dans le paiement des redevances coûtent à l'entreprise, en intérêts bancaires, quelque 1,5 milliard de dinars annuellement. Le montant global des créances détenues par Sonelgaz sur des clients a atteint les 35 milliards de dinars, soit 24% du chiffre d'affaires de l'entreprise en 2008. Peut-on connaître l'identité des mauvais payeurs ?
Les créances exigibles dont vous parlez s'élèvent maintenant à 40 milliards de dinars. Cela fait que nous sommes en préfinancement permanent. S'agissant des mauvais payeurs, sachez que les administrations figurent en très bonne place. Elles sont responsables de la moitié des créances impayées accumulées ces dernières années par le groupe. L'autre moitié est détenue par les opérateurs publics et privés et des gens comme vous et moi. Néanmoins, je dirai que le secteur des eaux est le plus mauvais payeur. Je parle de l'ADE, des barrages, etc. Bref, les grands consommateurs d'énergie. Mais que voulez-vous faire, l'ADE a aussi un problème de créances impayées. Mais à terme, il convient de réfléchir au moyen de sortir de ce cercle vicieux qui porte préjudice à tout le monde.
Ces deux dernières années, vous avez tenté plusieurs fois de sensibiliser les responsables du pays sur l'urgence d'augmenter les tarifs de l'électricité. Vous avez toujours considéré que le gel des tarifs de l'électricité et du gaz est pour beaucoup dans le déséquilibre financier de votre groupe. Défendez-vous toujours la même position ?
C'est une position que je défends toujours. Vous devez comprendre qu'en tant qu'entreprise, nous ne voulons pas dépendre des subsides de l'Etat. Je soutiens qu'à long terme, il n'est pas bon, autant pour Sonelgaz que pour ses clients, de rester sur une fourchette de prix qui sont loin de correspondre à la réalité. Certes, actuellement, le prix du baril de brut oscille entre 70 et 80 dollars. Mais imaginons un peu que les prix du pétrole chutent à nouveau à 10 dollars le baril. A ce moment-là, que se passera-t-il ? Est-ce que l'Etat sera en mesure de soutenir les prix à leur niveau actuel ? J'imagine que tout le monde a des éléments de réponse concernant la question. Sachez que de telles situations peuvent mettre fin à la vie d'une société comme Sonelgaz. Dans un tel scénario catastrophe, il se peut que les gens qui avaient l'habitude d'avoir de l'électricité H24 soient réduits à en avoir uniquement pendant 2 ou 3 heures. Cela donne à réfléchir !
Au-delà de ce que vous évoquez, est-ce que l'ère de l'électricité bon marché a encore de beaux jours devant elle ?
Il faut tenir compte de la réalité et du climat social ambiant. Il y a beaucoup de forces, parmi lesquelles l'UGTA, qui militent pour que les tarifs restent à leur niveau actuel. La majorité est pour le gel des tarifs. Devant une telle situation, il est difficile d'entreprendre quoi que ce soit. Il faut dire qu'indépendamment de la bourse du citoyen, lorsque vous augmentez les prix de l'électricité vous déstabilisez l'eau, les usines, etc. Ceci dit, l'Etat a été conséquent avec lui-même. S'il ne nous a pas autorisé à augmenter les prix, il se trouve qu'il n'a pas non plus freiné notre développement. Lorsque nous en avions besoin, l'Etat nous a ouvert des crédits bancaires et a garanti nos investissements.
Puisque vous en parlez, sachez que nous sommes actuellement sur un projet de mini-restructuration. L'Etat va probablement prendre en charge un certain nombre de dettes du groupe. Donc, comme je viens de vous le dire, il est conséquent avec lui-même. Mais la question que nous devrions tous nous poser est de savoir si l'Etat sera toujours en mesure, pour ce qui est de Sonelgaz, d'être là. Telle est, à mon avis, la question. Je ne me la pose pas uniquement en tant que responsable, mais aussi en tant que citoyen. Il faut penser aux générations futures. Et pour répondre à votre question, sachez que pour le moment il n'existe pas, à mon niveau, de projet de révision à la hausse des prix. Sur ce dossier, il n'y a que le gouvernement qui ait la réponse.
Il n'est un secret pour personne que les dettes de Sonelgaz sont assez lourdes puisqu'elles s'élèvent à 300 milliards de dinars. Le gouvernement a promis néanmoins de vous aider à réaliser votre plan d'investissement. En juin 2009, M. Khelil a même suggéré l'idée d'un apport de capital pour équilibrer les comptes du groupe. Où en est le projet actuellement ? Concrètement, comment Sonelgaz compte-t-elle s'y prendre pour résorber sa dette et, surtout, financer ses activités sur le long terme ?
Permettez-moi de rectifier vos chiffres. La dette de Sonelgaz s'élève actuellement à 380 milliards de dinars. Maintenant, que l'Etat décide de recapitaliser ou de prendre en charge la dette, c'est un peu la même chose. Car s'il prend en charge la dette, celle-ci sera bien évidemment mise sur l'actif. Là, nous sommes déjà dans une forme de recapitalisation. Mais le plus important est de prendre la décision… de statuer. Car si nous ne voulons pas augmenter les tarifs, nous sommes obligés de traiter la dette. Vous n'êtes pas sans savoir que c'est aussi en traitant la dette que l'on dégage des ressources.
Justement, y a-t-il du nouveau par rapport à cette question des ressources ?
Des discussions actuellement menées au niveau du gouvernement (ministères de l'Energie et des Finances) permettent à Sonelgaz d'entrevoir l'avenir sous de bons auspices. Celles-ci sont positives à plus d'un titre. Les décisions qui seront issues de ces discussions permettront déjà à Sonelgaz de récupérer quelques leviers de financement et d'avoir accès aux financements bancaires. Je ne vous apprends rien si je vous disais que sans la garantie de l'Etat, la BNA ne nous aurait certainement pas donné un sou. Et cela, en raison des critères prudentiels que vous connaissez. Ces ressources nous permettront de consentir des investissements avec des financements 100% algériens et de veiller à la durabilité du système électrique national.
Pourquoi ne pas passer par l'emprunt obligataire ?
Je crois que l'emprunt obligataire a atteint ses limites. Le bilan 2008 était équilibré, ce qui n'est pas le cas de celui de 2009. Cela fait que nous ne sommes plus éligibles à l'emprunt obligataire. Nous sommes dans une situation financière déstructurée et nous ne vivons que par les emprunts. C'est sûr, nous ne pouvons pas vivre que par les emprunts !
Sonelgaz a aujourd'hui un excédent de 400 mégawatts destiné à l'exportation. Pouvez-vous nous dire sur quelle base un accord commercial s'est conclu avec le Maroc ?
Les excédents sont plus importants que cela. Mais que les choses soient claires : nous n'avons pas investi pour l'exportation. Au-delà, l'opinion doit savoir que durant une bonne partie de la journée, nous avons des excédents qui dorment. La décision d'exporter résulte d'un raisonnement simple. Plutôt que de laisser dormir nos centrales durant ces périodes creuses, nous avons pris l'option d'exporter leurs excédents. Nous disposons de deux interconnexions qui relient l'Algérie à la Tunisie et au Maroc. Le Maroc, qui est importateur d'électricité, est lui-même relié à l'Espagne, son fournisseur, par un câble d'une capacité de 700 mégawatts.
La chose est simple : nous avons proposé au Maroc de lui vendre de l'électricité à un prix prenant en compte le prix international du gaz naturel, qui est au-dessus du prix moyen de l'électricité sur le marché espagnol. Lorsque vous faites les calculs, vous vous rendrez compte que c'est un partenariat ou un contrat gagnant-gagnant réactualisé tous les trimestres. Pourquoi gagnant-gagnant ? Parce que grâce à ce contrat, nous ne payons pas le prix du transport aux Marocains, qui gagnent également le coût du transport qu'ils avaient l'habitude de verser aux Espagnols.
Pensez-vous que ce soit une bonne idée de penser à exporter l'électricité tout en sachant que la demande du pays est appelée à augmenter en flèche (près de 10% par an) ? D'ailleurs, il y a même eu, ces dernières années, des perturbations dans le secteur de la production ...
Vous biaisez quelque peu le débat en posant le problème de la sorte. Encore une fois, nous n'avons jamais eu de projet dédié exclusivement à l'exportation de l'électricité. Mais comme vous le savez, l'électricité ne se stocke pas et la demande est toujours fluctuante en fonction des heures du jour et de la nuit, des jours ouvrables et fériés et des changements de température. C'est pourquoi, à chaque fois que nous avons des opportunités d'offre, nous plaçons nos excédents dans l'exportation. Si c'est intéressant de vendre, pourquoi ne pas le faire ?
Quant aux perturbations dont vous parlez (vous faites certainement allusion à celles connues durant le mois de septembre 2008), je puis vous affirmer que cela n'était pas dû à un problème de production. Les pannes auxquelles vous faites allusion n'étaient pas le fait de délestages programmés. Il s'agissait de l'écroulement de 2 pylônes qui avaient mis hors service les lignes d'évacuation de la centrale de Ras Djinet et qui nous avaient fait perdre plus de 600 MW de production, et ce, pour des raisons que nous n'avons pas pu déterminer avec certitude. Cette situation a été aggravée par des incidents en série sur les réseaux de distribution et par le jeu malsain de certaines parties internes à nos sociétés. Quoi qu'il en soit, croyez-moi, sans le lancement du plan d'urgence adopté envers et contre tous fin 2006 avec une enveloppe de deux milliards de dollars, nous serions véritablement aujourd'hui en train de délester. Ce sont sept centrales électriques d'une puissance totale de 2000 MW réalisées et mises en service en seulement 3 ans qui nous permettent aujourd'hui de gérer le système électrique dans des conditions favorables.
Vous avez annoncé il y a peu que les investissements destinés à la production de l'énergie électrique seront de 3000 milliards de dinars (30 milliards de dollars) à l'horizon 2019. Pouvez-vous nous dire quelle proportion sera consacrée à la production d'électricité à court terme ?
Entre 2010 et 2015, il faut mobiliser à peu près 1800 milliards de dinars, dont 300 milliards pour la production. Des discussions sont actuellement menées avec le gouvernement sur la question. De nouvelles centrales électriques seront construites dont les appels d'offres, pour certaines, sont déjà lancés. A l'horizon 2012-2013, il est prévu la mise en service des extensions des centrales turbines à gaz de F'kirina et de Aïn Djasser pour une capacité totale de 500 MW, et de la centrale turbine à gaz de Messerghine, près d'Oran, pour une capacité supplémentaire de 400 MW. A l'horizon 2014-2015, il est prévu la réalisation de nouvelles extensions des centrales de Ras Djinet et de Jijel pour une puissance de 800 MW chacune en cycle combiné. Avec les projets du Sud, nous aurons donc près de 3000 MW qui seront prêts d'ici 2015. D'ici 2011, il faut s'attendre aussi à la mise en service des centrales de Targa et de Koudiet Draouech (1200 MW chacune). Sans cela, il faut savoir que nous avons aujourd'hui 10 000 MW de capacités installées.
Cela est amplement suffisant pour le moment pour faire face à la demande, puisque les périodes de pic qui, désormais, ne surviennent plus en hiver mais en été à cause de l'effet de la climatisation, ne dépassent pas les 7300 à 7500 MW. Ce n'est pas tout. Je puis aussi vous dire que les prochaines centrales appartiendront à Sonelgaz. Cela nous permettra de mieux savoir qui produit l'électricité et donc de mieux délimiter les responsabilités.
De nombreux spécialistes estiment à 10 500 MW les besoins de l'Algérie en électricité entre 2009 et 2017. Pensez-vous que Sonelgaz pourra répondre à une telle demande ? Les spécialistes soulignent encore que pour sécuriser l'après-2013, de nouveaux projets de centrales doivent être lancés au moins 5 ans auparavant et que 90 milliards de dinars doivent être investis dans la production chaque année. L'Algérie respecte-t-elle cette feuille de route actuellement ?
Nous avons terminé l'année avec 250 milliards de dinars d'investissement. Cela représente près de 3 milliards de dollars d'investissement par an. C'est ce qu'il faut consentir en moyenne annuellement pour maintenir une alimentation et une qualité de service telles que les Algériens le souhaitent. Pour le reste, c'est ce que j'ai toujours dit. C'est-à-dire que nous allions rétablir le système en 2009 et nous l'avons fait. Nous avons aussi toujours défendu le même point de vue : les ouvrages de production, notamment, doivent être décidés au moins 5 ans à l'avance pour être au rendez-vous de la demande. Les centrales de Targa et de Koudiet Draouech, dont la mise en service est prévue en 2012, ont été décidées en 2007 et 2008. A présent, nous travaillons pour concrétiser les projets de 2015. C'est aujourd'hui que l'avenir se prépare. Si vous ratez vos « 5 ans », vous créez le problème. Cela à moins d'un tassement ou d'un écrasement de la demande. Mais comme nous savons que la moitié de la demande est tirée rien que par le domestique, il y a peu de chances pour que celle-ci se tasse. Dans le cas de l'Algérie, la demande va toujours en augmentant. Ce constat était valable même durant la période du terrorisme.
Quoi qu'il en soit, je pense qu'il ne faut plus jouer avec le feu. L'Algérie doit avoir ces 20 à 25% de réserves de moyens de production parce qu'un aléa est vite arrivé. En toute sincérité, je préfère avoir une année d'anticipation qu'une année de retard. Une année qui risque d'être fatale. Pour parvenir à un tel niveau d'anticipation, il y a lieu aussi de penser à la mise à niveau des systèmes électriques et gaziers. Idem pour les systèmes de gestion. Il faut aussi relever le défi de la maintenance, notamment celle des systèmes de supervision des réseaux qui coûte, pour la distribution d'Alger, près de 800 millions de dinars sur 5 ans.
Il faut sortir de la dépendance en développant des systèmes de contrôle commande et des systèmes d'information basés sur le savoir local. Certaines interprétations de la loi de 2002 par le régulateur nous handicapent aussi. Par exemple, pour la distribution de l'électricité, bien que nous ne voyions pas qui pourrait y investir tant que les tarifs restent aux niveaux actuels, il n'est pas évident de mobiliser les distributeurs sur la base de concessions de distribution qui courent uniquement sur 6 ans. L'idéal serait qu'elles soient d'une durée de 20 ans.
Sonelgaz vient d'être éclaboussée par un scandale financier. Il est reproché à 19 de vos cadres d'avoir détourné d'importantes sommes d'argent des caisses des œuvres sociales du groupe. L'on parle également de passation de marchés – près d'une douzaine en tout – selon des procédures contraires à la réglementation en vigueur. Le préjudice causé s'élèverait à plus de 100 millions de dinars. Peut-on savoir pourquoi votre entreprise ne s'est pas portée partie civile dans cette affaire ?
Ce n'est pas à Sonelgaz de se porter partie civile dans l'affaire dont vous parlez. C'est normalement aux œuvres sociales (FOSC) de le faire. Il faut savoir qu'aujourd'hui, les œuvres sociales de Sonelgaz sont une entreprise à part entière, Sonelgaz étant désormais un holding qui gère le portefeuille des actions détenues dans les 33 sociétés dont elle est propriétaire et dont le FOSC fait partie. Je n'ai donc pas de pouvoir direct sur le FOSC. C'est un point important à signaler dans la mesure où il permet d'éclaircir un certain nombre de faits. Par ailleurs, le FOSC est une entité juridique qui a des associés et qui travaille sur des budgets uniques avec le statut d'une société civile. Cela veut dire, déjà, qu'elle n'est pas soumise aux règles de passation des marchés. Cependant, les gestionnaires du FOSC ont bien voulu appliquer la réglementation des marchés en vigueur au sein du groupe Sonelgaz, laquelle n'est pas très éloignée du code des marchés publics. Et c'est tout à leur honneur. La responsabilité n'incombe pas à la direction de Sonelgaz. Il faut que les gens comprennent que le fonds des œuvres sociales est géré par une société autonome. C'est celle-ci qui est en mesure de se porter partie civile. Il se trouve que le DG en exercice des œuvres sociales est lui-même accusé… Voilà pourquoi il n'y a pas eu de constitution de partie civile. Par ailleurs, il s'agit de 19 agents accusés, dont des cadres qui ne relèvent ni organiquement ni hiérarchiquement de Sonelgaz, mais de la société civile FOSC.
Au-delà, peut-on savoir ce que vous pensez de l'affaire ? Le FOSC a fait l'objet de trois expertises judiciaires. C'est une situation exceptionnelle dans ce type d'affaire. Par ailleurs, dans cette affaire, la procédure de mise en examen a fait état d'un préjudice estimé à 100 millions de dinars détournés. S'il est aisé de comprendre la réaction de la justice face à une telle conclusion, en ce qui nous concerne, cela nous laisse perplexes surtout qu'en 2007, nous avions mené un audit qui n'avait absolument rien fait ressortir.
Vous voulez dire que cette affaire n'a pas lieu d'être ?
Que les choses soient claires : les vacances des cadres dont il est question dans l'affaire n'ont pas été payées par Sonelgaz. C'est le FOSC qui a pris l'initiative de proposer des vacances et c'est là son métier. Le Fosc a naturellement un commissaire aux comptes qui vérifie la régularité de sa gestion et qui certifie ses comptes. L'affaire est donc à relativiser. Selon l'information que nous avons, le prétendu préjudice aurait été fortement revu à la baisse, bien que contesté encore par les prévenus. Je vous rappelle que le FOSC gère près d'un milliard de dinars par an ! Continuons sur cette affaire dite des cadres dirigeants de Sonelgaz que l'on a voulu diaboliser. Il faut savoir que les cadres dirigeants sont éligibles aux prestations offertes par le FOSC, au même titre que tous les autres salariés. Chacun d'eux totalise entre 25 et 30 ans d'activité et leurs charges de contribution patronales aux œuvres sociales, ces dix dernières années, couvrent largement ce que le FOSC dépense pour eux, abstraction faite de leur contribution personnelle à ces activités. Il faut savoir aussi que les vacances dont vous parlez n'ont pas été prises en charge à 100%.
Au-delà, vous comprendrez que les œuvres sociales des industries électriques et gazières qui emploient plus de 60 000 travailleurs sont sans aucune commune mesure avec les œuvres sociales d'un souk el fellah. J'ajouterais qu'aucun cadre dirigeant bénéficiaire de ces vacances, à ce jour, n'a été entendu au cours de l'instruction par la justice. C'est pour vous dire que tout cela ne tient pas la route. Je ferai pratiquement les mêmes remarques concernant ce que la presse a appelé le dossier de « la omra des cadres de Sonelgaz » et l'affaire dite des « surfacturations ». Je l'atteste, nous ne sommes pas dans un cas de détournement ou de malversation. Tout ce qui peut être fait, c'est de porter une appréciation concernant ces actes de gestion. Est-ce que les cadres gestionnaires du Fosc pouvaient faire cela ou pas ? Ils ont eu l'aval de leur conseil d'orientation et de surveillance. Nous disons, en tant que groupe, qu'ils ont agi conformément aux statuts. Maintenant, c'est à la justice de décider des suites à donner à ces affaires. Nous restons confiants.


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