Excellentes sur le plan politique, les relations économiques entre les deux pays restent en deçà de ce qu'elles devraient être. Le Premier ministre chinois, M.Zhu Rongji, est en Algérie pour une visite officielle de trois jours. Intervenant presque une année après la venue à Alger du président de l'Assemblée nationale chinoise, M.Lipeng en novembre dernier, cette visite du Premier ministre chinois s'inscrit naturellement, - au-delà de son objectif premier, le renforcement de la coopération économique et commerciale entre les deux pays - dans le cadre de la pérennisation des liens traditionnels d'amitié et de concertation politique entre les deux parties. Il faut dire que depuis l'établissement, il y a plus de 40 ans, des relations diplomatiques entre la Chine et l'Algérie, les rapports politiques sino-algériens ont toujours été au beau fixe façonnés qu'ils sont par le soutien qu'a apporté la Chine à la Révolution algérienne dès son déclenchement. Et, aujourd'hui encore, à la veille d'un important rendez-vous de politique international, celui du Sommet de la Terre de Johannesburg - consacré au devenir de la planète en termes d'environnement et de développement - et auquel d'ailleurs, les deux pays vont prendre part, les échanges de points de vue sur ces questions seront en vigueur. Mais il va de soi, que ce sont la coopération économique et commerciale entre les deux pays et les investissements réciproques qui seront au centre des entretiens entre les délégations à l'occasion de leurs retrouvailles. A cet égard, il est à relever que malgré une progression remarquable ces dernières années, le flux de la coopération bilatérale entre les deux pays, reste très limité, vu que les échanges commerciaux n'ont pas dépassé le seuil des 260 millions de dollars par an depuis 1995. Insignifiantes et très circonscrites, les exportations algériennes vers la Chine ne dépassent guère les 80,6 millions de dollars par an pour 139,2 millions de dollars par an d'importations. Résultat : le déficit commercial chronique dans la balance des échanges entre les deux pays est au détriment de l'Algérie et il s'est accentué depuis 1994 lorsque Pékin a suspendu l'importation du phosphate algérien, se contentant des seuls produits pétroliers. Néanmoins, la Chine semble vouloir compenser ce déséquilibre par les investissements directs et la participation des entreprises chinoises dans les projets de développement algériens tels que ceux engagés dans les domaines de petite industrie, du tourisme et de la construction. C'est ainsi que les Chinois sont présents dans la réalisation de trois projets industriels: la briqueterie de Zaâroura, une unité de fabrication d'outillage et de moules industriels ainsi que dans l'extension de l'unité de céramique-vaisselles de Guelma. Le secteur du tourisme a vu, lui, l'implication de deux sociétés chinoises: Complant maître d'ouvrage principal de l'hôtel International Mercure près de l'aéroport Houari-Boumediene et CESC qui a réalisé l'hôtel Sheraton Club des Pins d'Alger. Mais c'est dans le domaine de l'habitat et du logement que les entreprises chinoises de construction se font le plus remarquer, se taillant la part du lion dans la première tranche du programme de réalisation de logements qui seront cédés dans le cadre de la formule location-vente (Aadl). Enfin faut-il signaler la coopération financière entre les deux pays, la Chine ayant accordé à l'Algérie de nombreux prêts sans intérêt pour le financement de projets économiques notamment dans le secteur touristique? Une telle philanthropie est chose rare dans le contexte actuel de mondialisation et de recherche effrénée du profit.