Avec le réalisateur de la République démocratique du Congo (RDC) Balufu Bakupa Kanyinda, Mahama Johnson Traoré, a élaboré et ficelé le volet «cinéma» du 2e Festival culturel panafricain qui s'est tenu dans le faste, l'an dernier à Alger. Aujourd'hui, il tire sa révérence. Le cinéaste sénégalais Mahama Johnson Traoré, membre fondateur du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco), est décédé lundi à Paris, à l'âge de 68 ans, des suites d'une longue maladie, a-t-on appris auprès des cinéastes sénégalais. «Il est décédé lundi matin à Paris. Nous sommes en train de voir avec sa femme comment rapatrier le corps à Dakar», a déclaré Cheikh Ngaïdo Bâ, président de l'Association des cinéastes sénégalais. «Il avait une insuffisance rénale depuis plusieurs années et se soignait à Paris», a ajouté M.Bâ. Mahama Johnson Traoré, né en 1942 à Dakar, «fait partie de la deuxième génération des cinéastes africains» selon le journaliste culturel et critique de cinéma sénégalais, Baba Diop. Il était membre fondateur du Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou, créé en 1969 dans la capitale burkinabée. Il est devenu le plus grand festival cinématographique d'Afrique, organisé tous les deux ans, a indiqué Cheikh Ngaïdo Bâ. Mahama Johnson Traoré est l'auteur de plusieurs longs métrages, des films sociaux et politiques dans lesquels il voulait amener le public à prendre conscience des problèmes du développement du continent africain, selon l'Agence de presse sénégalaise (APS, publique). Parmi ses réalisations figurent, notamment Diankha-Bi (La demoiselle en ouolof, langue la plus parlée au Sénégal, 1968), Diègue-Bi (La dame, 1970), Reou-taaxx (La ville, 1972), Njangaan (Le disciple, 1975), Sarax si (L'aumône, 1983). Il a été dans les années 1970 secrétaire général de la Fédération panafricaine des cinéastes (Fepaci), une organisation créée en 1969 avec pour objectif la défense des intérêts des cinéastes africains ainsi que la promotion du cinéma africain. Son entourage a ajouté qu'il travaillait au moment de son décès sur un film sur Nder, un village d'un royaume traditionnel du nord du Sénégal dont les femmes avaient, dans les années 1820, préféré mourir plutôt que d'être réduites en captivité lors d'une invasion maure, selon la tradition populaire sénégalaise. «C'est l'hécatombe et c'est inquiétant. On en a perdu six (cinéastes), dont cinq pionniers en moins de trois ans», déclare le président de l'Association des cinéastes sénégalais, Cheikh Ngaïdo Bâ. «C'est la fin d'une génération de cinéastes», affirme de son côté, le journaliste, culturel et critique de cinéma sénégalais Baba Diop. Le décès lundi à Paris de Mahama Johnson Traoré est le dernier d'une série. L'écrivain et doyen des cinéastes africains, Sembène Ousmane, est mort en juin 2007. Il a été suivi de Tidiane Aw, de Samba Félix Ndiaye et de Thierno Faty Sow respectivement en mai, novembre et décembre 2009.