Désormais, un simple bonjour au voisin coûtera la bagatelle d'un dinar hors taxe. Le ministère des P&T vient de rendre publiques les nouvelles tarifications de la téléphonie. Aucune publicité, ni annonce officielle n'ont accompagné cette mesure impopulaire. Tout juste a-t-on imprimé les nouvelles tarifications afin de les distribuer aux taxiphones et d'en rendre obligatoire l'affichage. Le plus curieux dans cette affaire, car c'en est une assurément, c'est que le ministre, quelques jours plus tôt, avait démenti avec véhémence cette information. A l'heure où la téléphonie se «démocratise» de par le monde, et où les prix ne cessent de baisser suivant la concurrence et les besoins de développement économique auxquels cet outil est indispensable, l'Algérie n'a rien trouvé de mieux à faire que de la rendre tout simplement inaccessible aux maigres bourses, et même à de nombreux cadres puisque la baisse du pouvoir d'achat aidant, bien peu de citoyens pourront encore s'acquitter de leurs factures téléphoniques après ces nouvelles hausses. Une communication dans la même localité coûtera désormais la bagatelle d'un dinar la minute. Si elle se fait entre deux sites urbains distincts, la même unité monétaire ne permettra pas de parler plus de 20 secondes. Juste de quoi dire allô, avant de débourser un autre dinar et ajouter le salut d'usage. Encore faut-il ajouter que ces chiffres ne représentent rien face aux autres tarifs, que beaucoup utilisent désormais, technologies de pointe et village planétaire obligent. Le même dinar, en effet, ne permet de communiquer que 6,7 minuscules secondes en direction d'un portable. Quant à Internet, les mordus et les professionnels devront soit s'en passer soit faire des coupes sévères dans leur budget puisque le fameux «1515» reviendra désormais à un dinar toutes les 35 secondes. Quant aux appels à l'étranger, le plus sage serait carrément de s'en passer, ou d'attendre que les autres se souviennent de vous et vous appellent. Une minute vers les pays de l'UMA (Maroc, Tunisie, Libye et Mauritanie) reviendra à une trentaine de dinars. Il en faudra 48 pour jouir de la même unité de temps s'il faut appeler la France, l'Italie ou l'Espagne. A partir de cette «frontière virtuelle», la ruine est au rendez-vous. Il faut débourser 60 dinars pour obtenir une minute de communication en direction des autres pays du Vieux Continent et des Etats du Golfe, alors qu'il en faut 70 pour l'Afrique, les pays arabes l'Amérique du Nord et le Canada, une centaine pour l'Amérique latine, l'Asie l'Océanie (Australie et Nouvelle-Zélande) et les portables Thuraya, 260 pour entrer en contact avec le réseau INMARSAT B? M et mini-M et, enfin, 430 pour le must des must, INMARSAT A. Ces nouveaux tarifs, qui ne manqueront pas de faire dresser les cheveux sur la tête des abonnés, prouvent, une nouvelle fois, s'il en était besoin, que l'économie de marché n'est qu'une formule galvaudée, mais rarement appliquée. Ce n'est pas tout. La TVA prélevée sur le fameux dinar est de 0,17. Elle est automatiquement arrondie à 0,20. La plus grande «farce» dans cette histoire, c'est que même si les tarifications sont données en dinars et en nombre de secondes, on n'en prévoit pas moins une unité de taxation minimale oscillant allègrement entre une et trois minutes. Les lecteurs, sans doute désarçonnés, peuvent à présent reprendre cet article depuis le début et s'amuser à multiplier par 3, 4 ou dix fois les prix déjà donnés...