Les fédérations UGTA, réunies hier au siège de la Centrale, ont décidé de déterrer la hache de guerre. Les membres des bureaux des fédérations de l'Ugta ont tenu un conclave hier à la Maison du peuple Abdelhak-Benhamouda. Contrairement à leur habitude, les syndicalistes ont entouré cet événement d'une discrétion quasi insurmontable. Outre le huis clos, les participants se sont refusé à émettre le moindre commentaire devant les quelques journalistes qui ont eu vent de l'événement et qui étaient partis en reconnaissance. Des sources proches de certaines de ces fédérations, que nous avons pu joindre hier, nous ont affirmé que le ton a vite fait de monter. Les syndicalistes, tous secteurs confondus, ont dit ne pas comprendre que «toutes les concessions déjà faites par l'Ugta afin de préserver la paix sociale et la cohésion nationale n'aient servi à rien». Ce sont les fédérations représentant les secteurs de la Fonction publique, à savoir les collectivités locales, l'éducation et la santé qui étaient les plus remontées alors que celle des P&T, nous dit-on, s'est confinée dans un attentisme curieux alors qu'elle est autant concernée que les autres par ce qui va arriver dans les prochains mois. Cette dernière fédération, pour rappel, fonctionne sans mandat depuis plus de six années sans que le responsable en charge de l'organique, Salah Djennouhat en l'occurrence, la rappelle à l'ordre. Les responsables syndicaux ont émis de sérieuses craintes quant au rapport relatif à la réforme de l'Etat. Ce dernier, pour rappel, prévoit la suppression de quelque 400.000 emplois dans les différentes branches de la Fonction publique. Bien plus que les augmentations salariales, une meilleure politique dans les recrutements et la prise en charge sociale, les représentants des secteurs de la santé, de la protection sociale, de l'éducation, de l'enseignement supérieur et des collectivités locales se battent avec la rage du désespoir pour préserver les emplois. L'Ugta, notamment dans les secteurs de la santé et de l'éducation, a déjà eu à faire des démonstrations de force durant ces dernières années, ce qui montre que la menace est loin d'être de simples paroles en l'air. Ces fédérations, en effet, menacent d'immobiliser tous les secteurs relevant de la Fonction publique dès la rentrée sociale, c'est-à-dire d'ici au milieu du mois prochain. Pis encore, dans le but de signifier au gouvernement que le délai de grâce a expiré et que tout faux dialogue, visant à endormir le front social, et éventuellement les consciences, est définitivement mort et enterré, les fédérations ont mis entre parenthèses la fameuse bipartite qui devrait réunir, vers la même période, gouvernement et partenaire social tant que des garanties solides et sérieuses ne sont pas obtenues. Le front social se réveille. Sidi Saïd, qui faisait son mea culpa tout récemment, avait, lui aussi, indiqué lors de sa rencontre avec les représentants du patronat que désormais plus aucune concession n'était possible. La balle est dans le camp du gouvernement.