«(...) On n'a pas de salles de cinéma. Nous sommes en train de relancer la production cinématographique», indiquera Ahmed Bedjaoui, cinéaste et conseiller au ministère de la Culture. M.Ahmed Bedjaoui, cinéaste et conseiller au ministère de la Culture, était à Tizi Ouzou mardi dernier où il a animé une conférence dans le cadre du Festival national du cinéma amazigh, qui se tiendra jusqu'au 20 du mois en cours. Un public branché au métier du 7e art était présent dans la salle du petit théâtre et plusieurs questions inhérentes à ce domaine qui a traversé des moments de grandes crises dans les années 1990, ont été adressées à l'hôte de Tizi Ouzou. Ahmed Bedjaoui s'est montré un peu optimiste quant à l'avenir de ce créneau dans notre pays. Il en voudra pour preuve le nombre de films en long métrage produits en Algérie depuis 2003, à savoir 70, soit une moyenne de neuf films par année. Le conférencier est revenu sur l'histoire et l'évolution du domaine cinématographique dans notre pays. A ce sujet, il a souligné que «nous avons produit le pire et le moins pire». Il a rappelé que la Cinémathèque d'Alger a été ouverte en 1965. Il a été chargé de piloter ce projet important qui avait pour ambition d'algérianiser le cinéma. En 1967, l'Algérie a eu sa première émission radiophonique «spécial cinéma». Cette dernière s'intitulait «La tribune des écrans». Puis, en 1969 est née la célèbre émission de télévision qu'animait Ahmed Bedjaoui de façon hebdomadaire. Ahmed Bedjaoui a affirmé que quand la première émission avait été diffusée en 1969, il pensait qu'elle allait faire long feu. Mais juste après la diffusion du premier numéro, l'engouement des téléspectateurs était tel que les responsables de la télévision avaient décidé de changer l'horaire de sa diffusion dès la deuxième semaine. L'émission est passée de 23 heures à 20h30. Le cinéma algérien allait subir son premier coup dur après la nationalisation des salles en 1969. Les 400 salles réparties sur le territoire national allaient subir une crise sans fin selon Ahmed Bedjaoui. A l'époque, indiquera l'orateur, le public algérien était l'un des plus brillants au monde et les salles de cinéma avaient réalisé leurs meilleures recettes. De même que le secteur du cinéma employait entre 4000 et 5000 personnes dans les années 1970. A l'époque, les salles de cinéma étaient entièrement financées par leurs propres recettes. Seuls 14% de ces recettes sont versées aux fonds de l'Etat. Le reste était réinvesti intégralement dans le cinéma. Il a indiqué qu'il faudrait revenir à cette étape. L'intervenant a critiqué l'invasion de la télévision algérienne par les séries égyptiennes. Il a toutefois affirmé qu'il faudrait certes s'ouvrir, mais pas au détriment de l'authenticité. Ahmed Bedjaoui a déploré la période des années 1990 où les salles de cinéma ont été tout simplement fermées au grand dam des cinéphiles. Les salles en question avaient été liquidées par les Domaines. Mais, a insisté le conférencier, le public algérien n'a jamais cessé d'aimer le cinéma. «Actuellement, nous sommes dans une situation où on n'a pas de salles de cinéma. Nous sommes en train de relancer la production cinématographique.» Pour illustrer un peu comment devrait se faire cette relance, l'orateur fera sienne une citation de Jean-Paul Sartre: «Le public dégage un créateur qui produira une oeuvre et cette oeuvre reviendra au public.» C'est dire que le public et la production sont intimement liés. Ahmed Bedjaoui a terminé sur une note d'espoir, affirmant que toutes les conditions sont aujourd'hui réunies pour la relance du cinéma en Algérie.