Le Premier ministre israélien a été incapable d'apaiser son puissant allié, malgré trois jours d'entretiens intensifs. Les Etats-Unis semblent déterminés à poursuivre leur bras de fer avec Benjamin Netanyahu au lendemain d'une visite infructueuse à Washington du Premier ministre israélien, dans l'espoir d'aboutir enfin à une relance du processus de paix. M.Netanyahu a été incapable d'apaiser son puissant allié, malgré trois jours d'entretiens intensifs avec le président Barack Obama et son équipe au complet. Et jeudi, alors que le dirigeant israélien s'apprêtait à rendre compte de son voyage à son cabinet restreint, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a répété que l'impasse entre Israël et les Palestiniens sapait «les intérêts américains en matière de sécurité nationale» dans la région. Le vice-président américain Joe Biden avait été le premier à invoquer l'argument, lors de sa visite en Israël qui a mis le feu aux poudres il y a deux semaines. Annoncer de nouvelles constructions juives à Jérusalem-Est occupée, avait-il déploré, affaiblit la crédibilité des efforts américains pour la paix au Proche-Orient, et met en danger la tentative de l'administration Obama pour regagner la confiance du monde arabe, y compris dans l'espoir d'isoler l'Iran devenu la bête noire d'Israël. D'après la radio militaire israélienne, le président Obama aurait soumis un plan à Benjamin Netanyahu, exigeant notamment un gel des constructions à Jérusalem-Est occupée et en Cisjordanie. Le texte comprendrait aussi une injonction à M.Netanyahu d'accepter de débattre avec les Palestiniens de toutes les questions-clés, notamment celle des frontières des deux futurs Etats. Pour Amjad Atallah, de la fondation New America, la dispute entre Israël et les Etats-Unis concerne moins les colonies que le fond du processus de paix israélo-palestinien, c'est-à-dire le projet de créer deux Etats vivant en paix côte à côte. «Les Etats-Unis pensent désormais qu'ils ne peuvent pas compromettre leurs intérêts nationaux» en échouant dans ce dossier, explique-t-il: «Je doute que les Israéliens se soient adaptés» à cette nouvelle donne. Et «si la bataille continue», poursuit-il, «c'est parce que les Etats-Unis n'ont pas convaincu M.Netanyahu d'aller vers un accord (avec les Palestiniens) au sujet du futur statut» de la région. Le spécialiste Walter Russell Mead, du Centre des relations étrangères (CFR), notait pour sa part en début de semaine une nouvelle fermeté de Washington envers son proche allié. «Se bagarrer avec un Premier minis-tre israélien la semaine précédant le congrès à Washington de l'Aipac (le principal groupe d'influence juif pro-Israël aux Etats-Unis) était culotté» de la part de Barack Obama, écrivait-il dans le quotidien Politico. Jusqu'où peut aller cette pression? Plusieurs commentateurs, aux Etats-Unis et en Israël, ont suggéré que Washington voulait pousser Benjamin Netanyahu à briser sa coalition de droite actuelle, au profit d'une entente avec sa rivale centriste Tzipi Livni, la chef du parti Kadima. L'hypothèse a été balayée par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton dans un entretien à la BBC la semaine dernière.