«D'importantes quantités de ciment destinées initialement aux projets en chantier, sont souvent détournées et vendues à des prix exorbitants dans le marché parallèle.» «La hausse des prix du ciment est tributaire de la sempiternelle pénurie qui continue à poser un sérieux problème», a indiqué un ingénieur en travaux publics, expliquant que l'art de l'improvisation aux dernières minutes et l'obligation de passer par le marché parallèle sont devenus des règles. Là est toute la problématique. A la faveur de la moindre disette, le commerce informel prend le relais au su et au vu de tout le monde. «Le ciment hors normes sans aucune garantie de sa teneur a envahi tous les marchés des matériaux de construction ces derniers mois», ont déploré plusieurs entrepreneurs inquiets que plusieurs chantiers soient menacés dans l'éventuelle continuité de l'absence des services concernés de l'Etat devant juguler de manière définitive le phénomène de la spéculation. Par ailleurs, la rareté et la hausse «provoquées» du matériau tant recherché ont atteint leur summum puisque le prix d'un sac de 50 kg est fixée à 500 DA. L'alerte est lancée, les opérateurs ne savant plus à quel saint se vouer. Comment peut-on expliquer les raretés récurrentes alors que les cimenteries de Béni Saf (Aïn Témouchent) et Chlef sont deux grands principaux fournisseurs de toute la région ouest. Autant de questions ont été posées et peu de réponses ont été apportées. Les services en charge du contrôle de la qualité et de la répression de la fraude commerciale continuent, vainement, à ratisser large sans pour autant pouvoir mettre en échec le diktat des barons qui provoquent délibérément des situations inédites. Selon les plus au fait de la chose, l'anarchie ambiante est la conséquence de la vente irrationnelle du ciment à la base. «La politique des ventes selon la norme des quotas est efficiente, seulement celle-ci doit être suivie par une série de mesures dont le contrôle des destinations», affirme-t-on, ajoutant que «d'importantes quantités de ciment destinées initialement aux projets en chantier sont souvent détournées et vendues dans le marché parallèle.» Assaisonné de sable et parfois de plâtre, le produit est cédé au prix dépassant les seuils de tout entendement. Sur un autre plan, quinze milliards de centimes est le montant des produits saisis par les services de contrôle des prix et la répression de la fraude durant les trois premiers mois de l'année en cours. La fraude et les agissements mafieux au plan commercial gagnent du terrain tandis que les rapports et les bilans établis par les services en charge de la répression de la fraude sont µ de plus en plus révélateurs. Tant d'anomalies graves ont été relevées après avoir effectué plus de 1400 sorties d'inspection. En effet, 1000 commerçants sont poursuivis en justice pour transgression du Code du commerce et 8000 amendes ont été prononcées pour commercialisation de produits impropres à la consommation, certains par la contrefaçon et d'autres par le dépassement de la date de péremption. Ajouté à cela, le phénomène de l'exercice illégal du commerce.