Quelques kilomètres après la sortie de Tala Hamza sur la route nationale 75, Amizour vous accueille avec ses étendues verdoyantes. C'est le début du printemps. La verdure est partout. De part et d'autre de la voie, s'étendent encore des vergers, mal entretenus. Ils dégagent des senteurs agréables imprégnant l'air sur plusieurs centaines de mètres à la ronde. Tout autour de la ville, s'étendent des champs que traversent les routes menant vers El Kseur, Barbacha, Béjaïa et Timezrith. Il est presque midi. Nous sommes à l'entrée de la ville. Une ville qui donne le ton de ce qu'on découvrira par la suite en matière de chantier. De la poussière s'élève. Les travaux battent leur plein. La circulation se complique, puis on atteint le centre d'Amizour qui offre encore l'aspect d'un village colonial. La propreté est telle que l'on comprend facilement la distinction obtenue en la matière par la ville. L'an passé, elle avait été élue «ville la plus propre de la wilaya de Béjaïa». En ce samedi, jour de marché hebdomadaire, la ville grouille de monde. Les stands de commerçants longent les deux rives d'un oued qui porte le même nom que la ville. Nous traversons un pont pour rejoindre l'autre rive. Auparavant, quelques citoyens affairés aux courses de la semaine, nous ont parlé de leurs besoins, leurs espoirs, qui se résument à de simples doléances. C'était pour nous une manière de prendre le pouls de la situation de la commune avant la rencontre des élus, ceux chargés justement de veiller au cadre de vie des habitants. L'eau, l'assainissement, les routes, bref, tout un programme dont l'équipe aux commandes semble en saisir l'urgence. Dans son bureau, Salem Mammeri, maire de la commune, nous accueille. Il était accompagné pour la circonstance, de Méhenni Smaïl et Zahir Ben Amara, tout deux élus à l'assemblée. Entre deux coups de fil et de courtes entrevues, il présente sa commune. Elu à deux reprises sur la liste «Fidélité», M.Mammeri est aujourd'hui, maire pour trois ans encore. Il s'est plu à nous parler longuement de sa commune revenant à chaque fois sur le développement. L'eau, l'assainissement lui tiennent vraiment à coeur. Il en est de même de l'état des routes et du gaz de ville. Mais l'étendue de la commune ne rend pas la tâche facile. Il est toutefois heureux de constater qu'une assemblée aussi hétéroclite travaille dans un esprit de responsabilité et de solidarité. L'appréciation a été faite par le wali de Béjaïa lors de sa dernière visite. Amizour, qui s'étend sur 109 km², totalise 40.000 âmes réparties sur 75 villages, dont le plus peuplé est celui de Boukhalfa avec 8000 habitants. Elle arrive en troisième position après Béjaïa et Akbou. Commune rurale, elle est, toutefois, touchée par une extension urbaine. D'après le maire, le problème dont souffrent certaines localités d'Amizour, est la vétusté des réseaux AEP et d'assainissement; un peu plus de la moitié de la dotation étatique est réservée au secteur de l'hydraulique. L'élu cite les désagréments causés par le système de dotations équitables entre les communes. «C'est injuste d'accorder la même enveloppe financière aux communes que tout différencie.» Raccordée actuellement à hauteur de 20%, la commune d'Amizour aspire à une amélioration conséquente de la situation en la matière. Un programme existe pour Laâyfa, Sed Akdim, cité des Jardins fleuris, Tahanouts, Bombala, Boukhlifa, cité DAS Moiustache, Cité 75 et 50 Logements LSP, Cité Merdj Ouaman, Tikherbine, Taberdjets, Calvet, Debaha (Haute et basse), Cité 100 et 950 Opgi, soit 19 km qui couvriront aussi Ighil Iaâlouanen et périphéries, Ighil Ifryan, Ahmama, lotissement Togrourine, Azemour et Boukhlifa. Des opérations prises en charge par trois programmes (aménagement urbain, budget de wilaya et le Pqls (programme pour les quartiers et lotissements). Qu'en est-il des ressources hydriques? En matière d'hydraulique, la commune est actuellement alimentée à partir d'une nappe phréatique dont une partie est gérée par la commune et l'autre par l'ADE. Une alimentation qui reste de l'avis même des élus, inéquitable. Le problème est localisé. Il se situe sur la zone séparant Merdj Ouamane et Tadarth Tamokrant. Il s'agit de la rénovation de toute la chaîne allant du forage jusqu'aux reservoirs. Un problème pris en charge dans la cadre du transfert des eaux du barrage Tichy-Haf avec la réalisation d'un nouveau réservoir de 500 mètres cubes à Merdj Ouaman. Ce qui se traduira par une alimentation plus convenable. Une eau de qualité et présente dans les robinets H/24. L'assainissement, voilà le plus gros problème qui se pose à la municipalité. La réfection du réseau nécessite 200 millions de dinars. Debha (haute et basse), les rejets de l'hôpital et ceux de la rive gauche du chef-lieu et Ighil Iaâlouanen et sa périphérie se déversent dans le champ captant de la Soummam. 16 rejets au total et sans aucun traitement d'où le risque de maladies à transmission hydrique très élevé. L'étude du diagnostic établie par le centre technique hydraulique a dégagé un schéma directeur global vers une future station d'épuration qui recevra tous les rejets des collecteurs communaux. Le maire insiste sur les localités d'Aït Yahia Imaziouan, Taourirth, Imadjaren qui sont dépourvues de réseau d'assainissement et où les rejets se font à ciel ouvert. Une étude a été faite, a affirmé le maire. Il reste les localités, de Bouamraou, Chelhab et l'Hama. Un total de cinq importantes localités qui se pose comme une urgence mais qui ne peut être réalisé que dans le cadre sectoriel. L'oued Amizour, qui traverse la ville, représente un risque d'inondation important. A ce sujet, nous avons appris qu'une étude a été établie pour la protection des deux rives sur une superficie de 7 hectares avec une estimation financière de 320 millions de dinars. L'inscription est faite. Lors de sa dernière visite, le wali avait jugé tout l'intérêt de ce projet qui permettra au-delà de la protection de la ville, la récupération des espaces pour des fins utiles. Les inondations qui ont touché en 2009 la Cité des jardins fleuris a révélé une autre faille dans l'évacuation des eaux pluviales. Une étude a été réalisée pour l'aménagement d'une conduite d'évacuation des eaux de pluies pour une enveloppe de 90 millions de dinars. Et le réseau routier? Les routes d'Amizour sont dans un piètre état et les autorités communales en sont conscientes. En dépit des efforts fournis en la matière par l'actuelle équipe aux commandes, beaucoup de chemins communaux restent à rénover. Ighil N'Chila, Takorabth, Ighil Iaâlaouanen, Tahanouts, Ahmam, Debaha, Sid Ali Ouassaâda du centre-ville, hôpital par la RN 75 jusqu'à Boukhlifa et Kentra, Afra jusqu'à Laâzib, la piste du CW 21 jusqu'à Ahaman sont en cours de réalisation. Cela reste insuffisant par rapport à l'ampleur des besoins. Aussi, la commune prévoit-elle pour l'année en cours la réalisation en béton bitumineux de la piste reliant Sid Ali Oussaâda à Ihadjaren, celles reliant le CW 158 à Lakhmis (Tadarth Tamokrant), Targa Ouiran et Boumraou, Boulighman, Ighil Ifaryan et Mezrari. En perspective, d'autres pistes sont programmées. C'est le cas de CW 21 vers Sidi Abdelakder, la RN 75, Aït Amrouyoub, Debaha (haute et basse) et de l'aménagement et viabilisation de l'ensemble des lotissements. A vocation agricole, la commune d'Amizour aspire à devenir un centre du savoir. Le douar d'Aït Amar Ouiyoub, qui a payé des siens le combat pour la libération du pays, est sorti enfin de son oubli. Une piste a été enfin ouverte après presque 50 ans d'indépendance. Elle dessert 7 villages pour un montant de 4 millions de dinars. Une opération réalisée par l'APC, l'APC uniquement. Concernant les franges juvéniles, l'élu local citera la 2ème tranche pour la réalisation de tribunes couvertes et la promesse faite pour une pelouse synthétique, l'aménagement du stade annexe et la subvention pour les clubs sportifs communaux et la salle omnisports. L'implantation d'une faculté de droit de 8000 places pédagogiques et d'une résidence universitaire de 5000 lits ne peut que se traduire par d'autres richesses inestimables pour une commune. Le choix des terrains a été fait. Il en est de même pour la gare routière, le nouveau siège de la commune, la bibliothèque, une salle omnisports. Il ne reste plus que les subventions et les inscriptions dans les programmes sectoriels sachant que les PCD sont en deçà des attentes et des besoins d'une commune aussi importante. Depuis la dernière visite du wali, l'équipe aux commandes locales dont la cohésion, la maturité et l'esprit de responsabilité ont été relevés, un vent d'optimisme souffle sur Amizour. «C'est pour nous une motivation supplémentaire à même de nous conduire vers l'avant pour plus d'efforts, de dynamisme en vue de la satisfaction et de la prise en charge des préoccupations de notre population», commentait le maire, ajoutant que «c'est là notre ligne de conduite pour réhabiliter notre commune sur tous les plans. Nous restons fidèles à nos engagements.»