L'artiste s'est dépensé sur scène, vendredi soir à Ibn Zeydoun, en présentant son nouvel album Ch'hal tout en revisitant ses anciens tubes des années 1980, au grand bonheur de ses fans. Cela fait près de 15 ans qu'il ne s'était produit sur scène. Khaled Barkat a su dépasser son trac et se donner à son public avec une émotion à fleur de peau. Il offrira d'abord la chance à deux artistes pour se produire en première partie, à savoir Samir Farès et Hayat qui est aussi une de ses deux choristes. Khaled Barkat fait son apparition sur scène en traversant toute la salle, façon originale de se mouvoir tout près du public. La soirée est placée indubitablement sous le signe de l'émotion. Les chansons interprétées sont pour la plupart teintées de mélancolie et de désillusion. Mali mel à consonance sociale est interprétée avec un micro chef sur scène avec un artiste qui semble revenir de loin. «C'était très difficile de remonter sur scène», lâcha-t-il ému. Puis sur un ton chaâbi il exécute une chanson qui évoque l'amertume de l'artiste, qui dit quelque chose comme «ne m'en voulez pas, mon coeur est sensible, n'est pas fait de pierre». Khaled Barkat chante sa passion pour l'art et son désir de se libérer de la braise pour accéder à la quiétude et la paix de l'âme. Le public, hélas, n'est pas nombreux, mais Khaled Barkat fait feu de tout bois en relativisant la chose. Il prend sa chère guitare dont les branchements vont lui faire défaut durant toute la soirée. Goulili traduit le conflit qui peut exister entre deux frères jumeaux devenant ennemis. Il est accompagné sur scène par Mohamed Mazouni au saxophone. Khaled Barkat évoque le conflit qui peut subvenir avec son voisin, un policier, une femme et le conflit, le grand, celui qu'on ne résoudra jamais, celui qui oposse le coeur à la raison. Flash back souvenir! Retour aux années 1980. Ouine, puis Alouwlid, chanson marocaine, reprise en 1986, nous renvoient comme un bon vent de nostalgie. Khaled Barkat invite un autre, ancien musicien, Fouad Ouaman pour l'accompagner au oud. Les textes de Khaled Barkat sont un peu sombres, un appel à la liberté, à travers ces montagnes et mer souvent convoqués. La musique est des plus mélodieuses. Ecorché vif artiste torturé, les qualificatifs ne tarissent pas pour parler de l'artiste. Parolier, compositeur mais aussi comédien, Khaled Barkat, c'est sûr, a une vraie âme d'artiste. Ses ballades témoignent d'une profondeur certaine. Retour de nouveau aux années 1980. «Jeune, on croquait la vie à pleines dents, on avait beaucoup d'espoir», dit il, au piano à défaut de la guitare, l'artiste chante Ana aiete (je suis fatigué). Puis, il présente aussi son orchestre. Mustapha à la derbouka, Hakim à la percussion, Ahmed à la basse, Messaoud à la batterie et le «dinosaure», vieux routard à la guitare Boualem Torki. L'artiste poursuit son concert avec Chouftou yemchi (je l'ai vu marcher seul), un magnifique titre rehaussé du son du saxo. L'artiste évoque la différence qu'il existe entre les homme mais signifie que celle-ci parfois fait mal, brusque, écorche. Il lira le texte avant de le chanter. Cela nous rappelle un peu le rap des années 1980. Khaled Barkat nous offre une nouvelle ballade. «Les gens de mon âge se posent beaucoup de questions, les jeunes, profitez de la vie...» L'artiste interprète ainsi Ch'hal (que de fois) titre éponyme de son nouvel album qui sortira incessamment. «Que de fois je me suis posé des questions, regardé dans le rétroviseur perdu de mon passé, j'aurai tant aimé revenir vers ma mère et m'asseoir sur ses genoux», chante-t-il avec innocence et émotion. L'artiste rend aussi hommage à ses parents dans Kalma idour, dans un beau morceau d'essence chaâbi. L'artiste termine son concert en interprétant un superbe morceau, un des plus entraînants sans doute de son album. Un tire introduit par le son de la flûte et qui fera bouger plus d'un sur sa chaise grâce à son rythme alawi. Gageons que ce concert n'est que le prélude à tant d'autres. Et que la prochaine fois, Khaled Barkat prend la peine d'apprendre par coeur ses textes. Mais c'est le retour qui compte déjà.