Sidi Saïd a fait monter les enchères très haut. La semaine que se sont accordée le gouvernement et l'Ugta, sur demande express de Sidi Saïd, semble avoir été fructueuse. C'est, du moins, ce que l'on apprend de sources crédibles et recoupées. Les deux partenaires, attendus demain pour une bipartite, historique à plus d'un titre, seraient arrivés à des accords qui ne manqueront pas d'enchanter le monde du travail en particulier, et tous les citoyens algériens en général. Sidi Saïd, qui a fait monter les enchères très haut, fixant des lignes rouges au-delà des quelles aucun recul n'était désormais permis sous peine d'une nouvelle implosion sociale pareille à celle d'octobre 88, a parié gros, mais réussi ce fantastique coup de . Les trois dossiers très lourds proposés à cette rencontre au sommet semblent avoir trouvé des compromis satisfaisants pour les représentants du monde du travail. Nos sources, en effet, indiquent que «le gouvernement va annoncer le gel du projet de statut de la Fonction publique déposé sur le bureau de l'APN en vue de son adoption lors de cette session». L'événement revêt une importance capitale puisqu'il vient contrarier la mise en application des recommandations contenues dans le rapport Sbih portant réforme de l'Etat et prévoyant notamment une compression de près de 400.000 travailleurs. Ce gel, nous dit-on de mêmes sources, durera jusqu'à l'automne prochain. Ce délai d'une année, nous dit-on, devrait être suffisant pour trouver une solution arrangeant les besoins réformateurs des pouvoirs publics sans trop léser les intérêts des travailleurs. Dans le même contexte, nos sources ajoutent que des augmentations substantielles vont être accordées à tous les travailleurs de la Fonction publique. Seront donc concernés les employés de l'éducation, de l'enseignement supérieur, des collectivités locales, de la santé, etc. Même si aucun accord définitif n'a été finalisé, ces hausses, nous dit-on de mêmes sources, devraient osciller entre 1500 et 2000 dinars. Les nouveautés ou les bonnes nouvelles ne s'arrêtent pas là. En effet, pour la première fois de l'histoire de l'Algérie, les hausses dans les salaires vont toucher le régime indemnitaire, et non plus le salaire brut. En clair, la hausse, qui sera annoncée demain dimanche, ne sera pas imposable, et sera donc intégralement et mensuellement perçue par tous les employés des différents secteurs de la Fonction publique. Pour ce qui est de la sécurité sociale, jugée par l'Ugta comme étant une des meilleures au monde, les deux parties se sont entendues pour mettre en place une commission de travail conjointe avant d'entreprendre quoi que ce soit. Nos sources précisent que deux commissions se sont déjà penchées sur la question, sans parler du rapport publié par le Cnes. Or, aucun de ces documents n'a été pris en compte par les pouvoirs publics ce qui dénote, estiment nos sources, une volonté manifeste de ne pas améliorer le système, mais plutôt de le dénaturer afin de le rendre plus conforme aux «recommandations» des institutions financières internationales, de l'UE et de l'OMC. L'Ugta, qui admet que des dysfonctionnements affectent, en effet, le fonctionnement de toutes les caisses sociales, refuse d'en assumer seule la responsabilité, précisant que l'administration est, elle aussi, coupable. Les leaders de l'UGTA vont encore plus loin en souhaitant vivement la mise en place d'une commission pour dresser un audit détaillé de ces caisses, et localiser ainsi les responsabilités des uns et des autres dans leur gestion bien souvent douteuse. Pour ce qui est du logement social, enfin, les deux parties sont tombées d'accord sur la poursuite du financement de ce type de produit en dépit des nouvelles orientations économiques. Il est même question de revoir à la hausse le budget alloué à la construction des logements sociaux dans le cadre de la loi de finances 2003. L'ensemble de ces acquis, qui restent quand même à confirmer, permettra à Sidi Saïd de sortir la tête haute de sa rencontre avec Benflis, mais aussi d'aller plus sereinement à la conférence nationale sociale et économique dont il est attendu des propositions très concrètes dans le cadre de l'aide à la relance économique. Nous y reviendrons.