Face aux concessions sociales du gouvernement, l'Ugta opposera des dossiers gênants pour certains ministres. De sources proches de la Centrale, on apprend que la bipartite, reportée de proche en proche et de date en date, finira par avoir lieu vers la fin du mois courant. Probablement, les 27 ou 28 avril, selon des estimations faites par nos sources. En attendant, croit-on savoir, deux rencontres préparatoires sont prévues entre des représentants du gouvernement et de la Centrale en vue de définir les grandes lignes de cette bipartite, mais aussi de préciser à l'avance les concessions à faire de part et d'autre de la ligne du front social afin que l'événement ne s'achève pas en queue de poisson. A ce sujet, nos sources précisent que «la grève réussie de deux jours, des 25 et 26 février dernier, constitue un atout majeur entre les mains de la Centrale Ugta». Un recours à «des grèves cycliques et sectorielles n'est toujours pas exclu», précisent des responsables nationaux au niveau de la Centrale. Mais, ajoutent-ils, «cela dépendra de la bonne volonté du gouvernement que nous allions ou pas vers ce genre de mesures». Pour ce qui est du recours à une nouvelle grève nationale, l'éventualité est «écartée» dans un avenir prochain. La Centrale, qui «cherche à préserver les intérêts nationaux et à faire preuve de patriotisme avant tout, ne veut pas aller vers de nouvelles mesures extrêmes tant que le dialogue social semble avoir été remis sur les rails». C'est, du moins, ce qui ressort en substance des derniers éléments d'informations. Pour l'Ugta, en effet, «le gel du projet de loi sur les hydrocarbures est une chose très positive même si nous continuons à exiger son retrait pur et simple». Cela étant, les mêmes sources confirment que «les actions de la Centrale n'ont rien de politique (et que) la direction de l'Ugta n'a absolument aucun problème ni avec le chef du gouvernement ni avec le Président de la République». Lors de cette bipartite, qui s'annonce malgré tout houleuse et riche en rebondissements, le sujet phare sera sans doute celui des privatisations depuis le gel du projet de loi sur les hydrocarbures. L'Ugta, au même titre que le Chef du gouvernement au reste, ne conteste pas la démarche en tant que telle, mais plutôt le côté «dogmatique» qui lui est accolé. Maintes fois, Sidi Saïd a martelé qu'il est «hors de question de privatiser pour privatiser». Les choses, si l'on en croit les résultats des derniers débats à huis clos liés à cette question, devraient se faire à une échelle très localisée. Entendre par là, que la barre sera mise entre les mains des responsables de chaque entreprise qui, de concert avec le partenaire social, devra décider s'il faut privatiser ou pas. En cas de désaccord, l'arbitrage, nous dit-on, sera réservé au Chef du gouvernement Ali Benflis, et à lui seul. L'autre «gros morceau» achoppera sur le statut de la Fonction publique et, probablement, la révision à la hausse du Smig. Cette éventualité est de plus en plus évoquée en «haut lieu» en prévision de la présidentielle et des concessions sociales à faire en direction des citoyens pour avoir un bilan positif à présenter lors de la campagne qui, d'entrée de jeu, s'annonce extrêmement serrée. La Centrale compte également sortir des dossiers jugés «gênants» pour certains responsables gouvernementaux à propos de mesures initiées dans le plus grand secret pour réviser à la baisse la plupart des lois sociales du pays. Tous les scénarios, à ce sujet, demeurent possibles même si un terrain d'entente paraît difficile à trouver du moment que l'Algérie, en agissant de la sorte, ne fait que se conformer aux exigences des institutions financières internationales dans le cadre de son adhésion à l'OMC et de la mise en application de son accord de partenariat avec l'UE. Dans tous les cas de figure, et à la lumière de la redynamisation du front social et du retour en force de l'Ugta, la bipartite de la fin de ce mois s'annonce décisive à plus d'un titre. Nous y reviendrons...