Les Algériens sont très ouverts aux programmes des chaînes étrangères. C'est le constat fait par la sociologue française, Monique Dagnaud, dimanche au CCF. «La culture des individus, la façon dont ils pensent la société, ses préoccupations, son histoire, sont très largement déterminés par les programmes de télévision produits et diffusés par les grandes chaînes nationales», expliquera, Monique Dagnaud, sociologue et directrice de recherche au Cnrs en France, lors d'une conférence, organisée avant-hier, au Centre culturel français d'Alger (CCF). Partout dans le monde, la télévision demeure l'instrument médiatique qui exerce le plus d'influence sur le public. Cette réalité n'est pas propre à l'Hexagone. C'est le cas aussi en Algérie. En effet, c'est, en quelque sorte, Saraha Raha, Alhan Wa Chabab, Mesk Ellil, Hna Fi Hna, Hadj Lakhdar ou encore d'autres programmes concoctés dans nos maisons de production qui façonnent notre imaginaire. Mais si les sociétés européennes ne «consomment» que les programmes nationaux, la société algérienne consomme beaucoup plus les productions étrangères. Le monopole de l'Etat sur l'audiovisuel et la qualité des produits proposés en est la cause. Questionnée, Monique Dagnaud, fera noter: «En Algérie, le spectateur reçoit France 2, France 3, TF1, enfin presque toutes les chaînes nationales françaises ainsi que d'autres chaînes arabophones grâce au satellite. L'individu en Algérie ne se contente pas de ce que lui proposent ces chaînes de télévision étatiques. Il regarde autre chose et il a, par conséquent, plusieurs points de vue». Ayant assisté à la rencontre, Camélia, une jeune étudiante en sciences de l'information et de la communication, qui prépare une thèse sur les programmes de télévision en Algérie, nous fera remarquer: «Les programmes étrangers qui ont le plus de succès en Algérie sont le produit de ce que l'intervenante appelle la concurrence vers le bas. Star Academy, La Ferme des stars, C'est mon choix (il y a quelques années de cela) ou encore Koh-Lanta les plus adulés par nos jeunes. Ce ne sont pas les débats qui les intéressent malencontreusement.» Dans un autre chapitre, l'intervenante abordera l'identité de ces producteurs de programmes de télévision ou ces artisans de l'imaginaire. En France, «ces producteurs sont des chefs d'entreprise issus de la bourgeoisie intellectuelle. Ce sont des gens engagés, pas au sens politique du terme mais au sens civique, ils cherchent absolument à faire passer un message. Ce sont des personnages positifs qui, moralement, sont un peu au-dessus de la moyenne. Il y a certains qui se sont fixé comme objectif, de faire passer à l'écran le patrimoine littéraire, ou le patrimoine historique». La chose est complètement différente en Algérie. «Tentez de présenter un projet d'adaptation d'un roman de Tahar Djaout ou encore une pièce de théâtre de Kateb comme font les producteurs français avec leurs auteurs et vous verrez la réaction de ces producteurs. Je travaillais dans une maison de production algérienne qui proposait des émissions de divertissement et de musique, à chaque fois qu'on proposait un sujet plus au moins sérieux, il était catégoriquement refusé», nous dira Selma.