De la résolution qui sera votée dans la nuit de jeudi à vendredi, dépendra l'avenir des négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Le Conseil de sécurité répondra-t-il aux attentes du peuple sahraoui? Dotera-t-il la Mission des Nations unies pour le Sahara occidental d'un mécanisme de supervision des droits de l'homme? La prochaine résolution, qui entrera en vigueur le 30 avril 2010 va-t-elle garantir, clairement, l'option d'un référendum qui permettra au peuple sahraoui de s'exprimer librement quant à son indépendance? Deux points incontournables que le président de la République sahraouie a porté vendredi au sein du siège des Nations unies à New York. Le secrétaire général de l'Organisation des nations unies, s'il n'a pas remis en cause la tenue d'un référendum qui assurerait au peuple du Sahara occidental la possibilité de choisir entre l'autonomie et l'indépendance, a, par contre, «omis» d'évoquer la répression et les conditions de détention injustes que subissent les militants sahraouis des droits de l'homme. Ban Ki-moon aurait donné des assurances à ce sujet à Mohamed Abdelaziz et à la délégation de haut rang qui l'accompagnait. «Le secrétaire général (de l'ONU) s'est déclaré très inquiet des rapports de violations des droits de l'homme. Il a annoncé que son envoyé personnel, Christopher Ross, ainsi que le secrétariat de l'ONU, continueraient à oeuvrer à la défense des droits humains des Sahraouis», a confié, dans une déclaration à la presse, le secrétaire général du Front Polisario. Les Sahraouis en sauront un peu plus dans moins de vingt-quatre heures. Du texte qui découlera de la résolution qui sera adoptée cette nuit, dépendra l'avenir des négociations entre le Front Polisario et le Maroc. Après que les armes se soient tues depuis que le cessez-le-feu était entré en vigueur en 1991, le conflit du Sahara occidental s'est imposé sur le terrain du respect des droits de l'homme et de la tenue d'un référendum d'autodétermination qui garantit l'option de l'indépendance aux Sahraouis. Les forces d'occupation marocaines qui ont intensifié depuis de nombreux mois la répression dans les territoires occupés ont violemment réprimé des manifestations pacifiques. Au début du mois de mars dernier, les populations sahraouies de Dakhla et de Layoune qui manifestaient pacifiquement après le retour d'une délégation de militants sahraouis des droits de l'homme des camps de réfugiés de Tindouf, ont subi un tabassage en règle. Parmi les dépassements les plus médiatisés à mettre à l'actif des autorités marocaines, l'affaire Aminatou Haïdar a fait le tour de la planète. De retour de New York où elle venait de recevoir le Prix du courage civique de la Train Fundation, elle fut expulsée le 13 novembre 2009 vers l'île de Lanzarote aux Canaries pour avoir inscrit «Sahara occidental» sur sa fiche d'entrée, pour indiquer son pays de résidence. Un crime de lèse-majesté qui a failli l'emporter après une grève de la faim qui a duré plus d'un mois. Sept militants des droits de l'homme ont été arrêtés le 8 octobre de la même année à l'aéroport Mohammed V de Casablanca. Ils arrivaient d'Algérie, où ils avaient séjourné dans les camps de Tindouf entre le 26 septembre et le 8 octobre. Six d'entre eux croupissent en prison depuis, sans autre forme de procès. Ils sont incarcérés à la prison militaire de Salé où ils ont entamé une grève de la faim illimitée. Une quarantaine de détenus politiques de l'ensemble du territoire du royaume les ont rejoints dans leur mouvement. Leur situation plus que critique a alerté des ONG (organisations non gouvernementales) internationales (Human Rights Watch, Amnesty International...). L'Amdh, l'Association marocaine des droits humains inquiète, a réagi. «Nous vous appelons à intervenir d'urgence auprès de vos services chargés du dossier pour s'acquitter de leur devoir et respecter les droits et les libertés, sachant que la question relève du droit à la vie, consigné dans la Déclaration universelle relative aux droits civils et politiques, ratifiée par notre pays», a écrit sa présidente, Khadija Riyadi, dans une lettre adressée au Premier ministre marocain, Abbas El Fassi. Selon une dépêche répercutée par l'agence de presse officielle sahraouie (SPS), la vice-Premier ministre espagnole a annoncé que son pays se serait prononcé en faveur de l'élargissement du mandat de la Minurso, aux droits de l'homme. Maria Teresa De la Vega a réitéré «le soutien du gouvernement espagnol à une solution mutuellement acceptable, permettant l'autodétermination du peuple sahraoui». C'est ce qu'elle a déclaré lundi à la presse après son entrevue avec Ban Ki-moon, le SG de l'ONU. Doit-on y déceler un heureux présage pour le peuple sahraoui? A défaut, il aura gagné un précieux allié dans le long chemin qui le mènera vers l'indépendance.