La première réunion de l'organe exécutif des Nations unies, tenue vendredi dernier pour débattre du document remis par le secrétaire général, a été marquée par la position ferme de l'Afrique du Sud et celle de la Grande-Bretagne qui insistent pour que le Conseil ne s'écarte pas de la légalité internationale. Selon les échos parvenus à la presse à l'issue de la réunion du Conseil de sécurité, une très large majorité de pays s'est prononcée en faveur de l'autodétermination du peuple du Sahara occidental et de négociations directes entre les deux parties, que sont le Front Polisario et le Maroc, en vue de parvenir à une solution politique mutuellement acceptable assurant l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, telle que recommandée par le secrétaire général de l'ONU dans le paragraphe 47 de son rapport. D'ici le 27 avril, date prévue pour le vote d'une nouvelle résolution sur le conflit du Sahara occidental, il a été souligné la nécessité de traiter sur le même pied les deux propositions transmises au courant de ce mois au secrétaire général des Nations unies par le Front Polisario et le royaume du Maroc. L'ambassadeur de l'Afrique du Sud à l'ONU a réitéré et défendu la position exprimée par la majorité des membres du Conseil de sécurité sur la nécessité et l'urgence d'aller à un référendum d'autodétermination pour assurer et garantir au peuple sahraoui l'exercice de son droit à choisir la voie à suivre pour assurer son indépendance. “Le problème du Sahara occidental n'est rien d'autre qu'une question de décolonisation, le dernier cas sur le continent africain. Seule l'organisation d'un processus d'autodétermination, sous la conduite des Nations unies, peut garantir au peuple du Sahara occidental le libre choix pour son avenir”, a-t-il notamment déclaré à l'agence algérienne de presse. Très à cheval sur le respect du droit des Sahraouis à l'autodétermination, M. Dumisani Kumalo estime que l'autonomie proposée par Rabat “n'est pas l'autodétermination”. Il a exclu que le conseil impose une solution à une des deux parties et qu'il allait s'opposer à toute tentative par des membres du conseil de donner préséance au plan marocain sur celui du Front Polisario. “Les deux plans doivent être traités équitablement et utilisés par les parties pour trouver une solution”, a-t-il clairement affirmé. De son côté, le représentant britannique au sein de l'instance onusienne, Emyr John Perry, a affirmé que le principal souci du Conseil de sécurité est de ne pas s'écarter de la légalité internationale et qu'il se préoccupe sérieusement de voir se résoudre le problème du Sahara occidental. Il a indiqué que le Conseil de sécurité approuverait également la demande du secrétaire général des Nations unies d'une prorogation de six mois de mandat de la Mission de l'ONU pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). Selon lui, les Etats-Unis s'apprêteraient à présenter au vote un projet de résolution respectant la légalité internationale. Dans le même ordre d'idées, le diplomate britannique a émis l'espoir que ce renouvellement “facilite un processus de négociations directes entre les parties qui puisse mener à une autodétermination”. Quant au représentant sahraoui à l'ONU, Khadad Mhamed, il a été catégorique en affirmant : “Il est temps, pour le bien de la stabilité régionale et aussi du respect de la légalité internationale, que la parole soit enfin donnée au peuple sahraoui pour qu'il se prononce sans contrainte, en toute liberté et indépendance, et sous le contrôle des Nations unies, sur son avenir à travers un référendum d'autodétermination.” Très optimiste, Khadad dit : “Nous avons bon espoir que le Conseil de sécurité adopte une résolution dans le sens de la mise en œuvre des recommandations contenues dans le rapport du secrétaire général, à savoir la tenue d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental.” Pour lui, “le problème du Sahara occidental demeure une question de décolonisation, dont le cadre le plus adéquat pour en discuter reste les Nations unies, présentes d'ailleurs au Sahara occidental, à travers la Minurso depuis 1991, alors que le dossier de l'avenir de ce pays du Maghreb est sur sa table depuis 1966”. Enfin, Mhamed Khadad réitère la disposition du Front Polisario à négocier en déclarant : “Le Front Polisario est prêt à la négociation, sous les auspices des Nations unies. Nous réitérons notre disposition à donner la parole au peuple sahraoui pour qu'il se prononce librement sur le triptyque indépendance, autonomie ou intégration au Maroc et nous nous engageons à respecter son choix.” K. ABDELKAMEL