Des émissaires du secrétaire général des Nations unies sont attendus vers la mi-mai dans la région dans le but de définir les conditions et le lieu de déroulement des discussions entre le Maroc et le Front Polisario conformément au contenu de la résolution 1754 du Conseil de sécurité. Le Conseil de sécurité de l'ONU semble déterminé à trouver une solution dans les meilleurs délais au conflit du Sahara occidental, si l'on se fie à sa prestance à envoyer dans les jours qui viennent des envoyés spéciaux dans la région pour fixer les modalités des négociations entre les deux parties, en l'occurrence le Maroc et le Front Polisario. C'est ce qu'a révélé hier Mohammed Boukhari, représentant du Polisario au siège des Nations unies à la radio algérienne. “Nous allons recevoir vers le 15 mai les envoyés spéciaux du secrétaire général des Nations unies pour décider des pas pratiques et établir le cadre, la date et le lieu pour entamer les négociations avec le Maroc sur l'avenir du Sahara occidental”, a notamment déclaré le responsable sahraoui de New York. M. Boukhari a, par ailleurs, indiqué “ne pas disposer d'une date ferme” pour l'instant pour ces visites. Selon lui, les négociations doivent porter sur l'organisation d'un référendum d'autodétermination, dont le Polisario a accepté “les trois options possibles : l'intégration au Maroc, l'autonomie ou l'indépendance”, contrairement à Rabat, qui “en a éliminé deux, conservant la seule option de l'autonomie”. Toutefois, le représentant du Polisario précisera que: “La ligne rouge de ces négociations pour le Polisario et la communauté internationale est que la question de la souveraineté et du futur du Sahara occidental est un droit inaliénable du peuple sahraoui. Ni le Maroc, ni le Polisario ne peuvent décider à la place du peuple sahraoui.” Ceci étant, Mohamed Boukhari n'a pas caché sa crainte que le Maroc n'“aille pas aux négociations” ou que, s'il y consent, “ne tente de les orienter dans une direction contraire au principe d'autodétermination, vers l'autonomie”, car, ajoutera-t-il, “ce sera l'échec garanti”. Pour justifier son appréhension, la même source rappellera que “le Maroc a déjà voulu forcer la main des Nations unies pour qu'elles endossent son plan d'autonomie, mais le Conseil de sécurité n'a pas joué le jeu et a réaffirmé son attachement au principe d'autodétermination”. En effet, la résolution, votée lundi dernier par l'organe exécutif des Nations unies, ne fait nullement référence au plan d'autonomie marocain, duquel elle indique avoir pris note comme ce fut également le cas pour la proposition du Front Polisario, mais se réfère à deux reprises au principe d'autodétermination pour la recherche d'une solution à ce conflit. Par ailleurs, le représentant du Front Polisario au Royaume-Uni et en République d'Irlande, M. Sidi Mohamed Omar, a affirmé que la position marocaine suite à l'adoption de la récente résolution sur le Sahara occidental “n'est qu'une tentative de couvrir l'échec du régime marocain à faire adopter sa proposition pour laquelle il avait engagé une campagne diplomatique et de propagande qui n'a d'égale que le matraquage qui avait accompagné la marche noire de 1975 précédant son occupation et son annexion illégale du Sahara occidental”. Quant à l'issue des négociations entre les deux parties, le délégué sahraoui qui répondait aux questions de la BBC a estimé que “leur succès est tributaire de la volonté politique du Maroc de surmonter la crise actuelle née du désengagement de ce dernier ainsi que de disposition à aller de l'avant et conformément à la résolution du Conseil de sécurité et de la légalité internationale pour parvenir à un règlement juste et durable, fondé sur le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui et à l'indépendance”. K. ABDELKAMEL