C'est à l'issue d'un séminaire gouvernemental dont l'ordre du jour a porté essentiellement sur la lutte contre le déficit public que la décision de ce tour de vis a été prise. «Pour les trois années à venir, François Fillon a confirmé que les dépenses de l'Etat hors charges d'intérêts de la dette et hors dépenses de pensions, seront gelées en valeur», a indiqué le communiqué qui a sanctionné cette rencontre. Le déficit public de la France devrait atteindre 8% du produit intérieur brut en 2010. Le gouvernement français qui se croyait à l'abri des effets que pouvaient provoquer la crise grecque sur son économie, a donc fini par craquer. Il ne veut cependant pas entendre parler de plan d'austérité ou de rigueur. Quel est alors l'objectif d'une mesure aussi draconienne? «On doit restaurer les grands équilibres de nos finances publiques parce que je ne voudrais pas qu'on se trouve dans la situation de la Grèce. Je ne voudrais pas qu'on perdre notre notation qui est aujourd'hui ´´AAA´´», a expliqué la ministre de l'Economie, Christine Lagarde. «C'est un vrai coup de bambou qui tombe sur les Français, un plan de rigueur, un plan d'austérité, d'une sévérité sans précédent», a tenu à souligner Benoît Hamon, le porte-parole du Parti socialiste. Les symptômes de la crise grecque sont loin de représenter une crainte pour l'Hexagone uniquement. C'est une bonne partie des pays européens qui sont exposés à un phénomène de la même ampleur. L'Espagne, le Portugal, l'Italie, l'Irlande et le Royaume-Uni présentent des risques indéniables de mise sous tutelle du Fonds monétaire international. Leurs économies sont pratiquement sous perfusion. L'édifice européen serait à ce point fragile... Ne serait-il qu'un simple château de cartes? Selon l'agence financière de notation, Moody's, la crise financière grecque représente un risque important pour les banques de plusieurs pays dont ceux cités plus haut. Le président de la BCE, la Banque centrale européenne, se veut malgré tout rassurant. «Le Portugal n'est pas la Grèce, l'Espagne n'est pas la Grèce», a martelé Jean-Claude Trichet. La réalité est cependant bien là. Elle fait craindre le pire. Le plan d'austérité imposé à la Grèce en échange d'une aide financière sans précédent, 110 milliards d'euros, étalés sur 3 ans, de la part de l'Europe et du FMI, a fait trembler les marchés. «C'est une panique boursière», a conclu Gregori Volokhine, de Meeschaert New York. Dans la foulée, l'euro est passé sous la barre de 1,26 dollar. Si en France on ne veut pas encore céder à la panique, dans les rues d'Athènes, de violents affrontements ont opposé des milliers d'opposants aux forces anti-émeutes, qui se sont soldés par 3 morts. Un dérapage dramatique que veut éviter le gouvernement de Nicolas Sarkozy qui certes, n'a pas eu à affronter des mouvements de colère du même type. Il reste, malgré tout, que certains conflits tels que celui des «Conti» ont dévoilé un potentiel de violence incontestable.