La capitale algérienne affiche ses prétentions de mener, en bon précurseur, la lutte antiterroriste au plan africain. Et d'en récolter les dividendes. Aujourd'hui sera clôturée la conférence intergouvernementale de l'Union africaine sur la prévention et la lutte antiterroriste, à l'issue de quatre jours de travaux qui ont regroupé les spécialistes de la question (officiers de la sécurité, cadres politiques, magistrats, etc.). De ces travaux se dessine ostensiblement la volonté d'Alger de mener le train de la lutte antiterroriste, credo que les autorités du pays ont adopté comme un sacerdoce, notamment avec le refus du tout compromis affiché par les groupes armés depuis 1995. Trois résolutions tangibles pourraient aboutir à consa-crer Alger comme la capitale de la lutte contre le terrorisme. Il s'agit de l'adoption d'un plan d'action, d'un protocole complémentaire à la convention d'Alger et, peut-être, la création, à Alger même, d'un centre africain d'étude et d'analyses sur la prévention et la lutte contre le terrorisme. Porté à seize par l'adhésion de trois nouveaux Etats membres de l'UA, la convention adoptée par l'Organisation de l'Unité africaine, en juillet 1999, peut, dès à présent, entrer en vigueur. Les conférenciers avaient accueilli favorablement la proposition de créer, à Alger, un centre pour l'étude, l'analyse et la lutte contre le terrorisme, ce qui augure de l'adhésion générale à ce projet à la fin des travaux. Toutefois, le plan d'action préconisé par les participants devra être soumis aux instances dirigeantes de l'Unité africaine pour approbation. Le plus difficile sera, faut-il le souligner, la concrétisation réelle, et sur la terrain, de la pratique quotidienne d'un code juridique (convention d'Alger et instruments internationaux), l'établissement de «ponts opérationnels» entre les divers secteurs (forces de sécurité, appareils judiciaires, douanes, polices, etc.) et la prise en compte des interactions entre terrorisme et réseaux mafieux. On attendra la fin de la journée pour en savoir plus sur l'adoption d'une «Déclaration d'Alger», qui sera la synthèse des engagements africains et de leurs partenaires occidentaux et asiatiques dont le rôle actif a été souligné. Il reste encore à prouver l'adhésion politique des Etats membres de l'Union africaine et le degré de leur dextérité à appliquer les résolutions adoptées. Cette attitude, seule, déterminera l'engagement de tous. On en démon-trera les limites des politiques, souvent sous-tendues par des enjeux et des intérêts tout autre. Aussi, il faut rappeler que pendant le temps où se déroulaient les travaux des participants, les GIA assassinaient 15 personnes à Bouira et à Aïn Defla, en écho à la convention de la lutte antiterroriste qui se dessinait à Alger.