Pas moins de 28 d'entre eux ont été révoqués alors que 120 autres sont suspendus et que 136 dossiers restent à l'étude. Motif: corruption, vol et contrebande. La grande lessive de printemps semble avoir commencé au niveau des différents services de la douane algérienne. Son P-DG, Sid-Ali Lebib a, en effet, indiqué que depuis son arrivée à la tête de cette institution, pas moins de 28 douaniers, tous grades confondus, ont été radiés. Des risques de poursuites judiciaires et même d'emprisonnement ne sont pas à exclure. Dans le même temps, on apprend que 120 autres douaniers sont suspendus en attendant que les enquêtes diligentées rendent leurs conclusions. Enfin, pas moins de 136 autres dossiers ont été ouverts, ce qui veut dire que d'autres têtes, et non des moindres, peuvent encore tomber dans les prochains jours ou semaines. Les motifs liés à ces coups de filet concernent tous, indique-t-on de mêmes sources, des affaires de corruption, de vol et de contrebande. Ce véritable coup de pied dans la fourmilière a donné plus de résultats en seulement deux années que n'en a enregistré le pays depuis son indépendance. Cette tendance, rendue possible par l'informatisation de tous les fichiers et dossiers, fait également partie des conditions sine qua non pour l'Algérie, en quête d'investisseurs étrangers, mais aussi des conditionnalités émises par l'UE dans le cadre de son accord d'association avec notre pays, ainsi que de celles de l'OMC, très regardante en matière de contrôle commercial aux frontières. Ces actions, il faut le souligner, se sont également traduites par de nombreuses saisies dans les ports et aéroports du pays. Il ne se passe plus une semaine sans que l'on entende parler de plusieurs containers saisis, renfermant des produits destinés à la contrebande, inscrits sous de fausses déclarations, avec la bénédiction de nombreux importateurs, transitaires et douaniers. Outre les quelques dizaines de containers saisis au port d'Alger en l'espace d'une semaine ou deux - ce qui constitue un fait inédit dans les annales des douanes algériennes - on parle de pas moins de 700 autres bloqués au port d'Oran en attendant d'être fouillés par une délégation venue d'Alger représentée par de hauts cadres de cette institution. Ces actions, qui ne plaisent pas à tout le monde, sont discrètement décriées par des voix proches de la direction même des douanes qui indiquent que «ces containers font partie des marchandises saisies depuis longtemps et maintenues en réserve pour ce genre d'opérations spectacle». Le secrétaire général du syndicat des douanes, Ahmed Badaoui, lui non plus, ne croit pas à tout cela. Rencontré hier, il nous a déclaré que «la plupart des douaniers cités par le P-DG ont été radiés ou suspendus pour des affaires disciplinaires n'ayant rien à voir avec les raisons invoquées de la manière la plus officielle qui soit». Notre interlocuteur, particulièrement mécontent des résultats de la bipartite qui, dit-il, «ont ignoré les 20 points de l'accord conclu entre le syndicat et la tutelle», compte réunir les membres de son secrétariat national mercredi avant de rencontrer le P-DG. Au cas où aucun accord ne serait trouvé, menace-t-il, «nous irons vers une grève générale». Cachant peu ou prou son dépit vis-à-vis de la centrale UGTA, il accuse, à mots à peine déguisés, d'avoir «ignoré des corps dont le sacrifice et les services rendus à la nation n'ont rien à envier aux autres fonctionnaires qui ont bénéficié de revalorisations conséquentes de leurs régimes indemnitaires».