Le discours triomphaliste est une propagande aussi vaine que dangereuse. Et pourtant elle perdure. Il fallait rester très prudent lors du démantèlement du réseau algérois du GIA, après les aveux de Kobbi Hocine, qui ont permis l'arrestation de seize membres qui représentaient «le noyau dur du groupe d'Alger», selon les autorités policières. Il faut encore rester prudent face à ce nouveau coup de filet effectué par la PJ de la sûreté de wilaya d'Alger et qui a permis de neutraliser trois éléments armés représentant le groupe algérois du Gspc, et constitué de trois personnes (un quatrième se serait vraisemblablement échappé, selon des informations sûres). Rester prudent, c'est d'abord être vigilant face à la menace permanente que représentent les réseaux urbains. C'est aussi apprécier de manière juste un phénomène qui risque de s'inscrire dans le temps. Car il serait fallacieux de croire que les seize membres du réseau algérois du GIA constituaient la totalité du groupe, comme il serait encore plus insidieux de faire croire que les trois comparses abattus par la PJ étaient le groupe, dans sa totalité, délégué par Hassan Hattab pour créer des zones de tension dans et autour de la capitale. Ce qu'il convient de croire c'est qu'on est en face de la fin des maquis terroristes, et qu'en parallèle avec cette réalité, se (re)forme l'étape ultime, et qui clôt le cycle, celle des réseaux urbains. Réduits, discrets, efficaces et ressemblant à monsieur tout-le-monde, ces jeunes desperados, issus de la nouvelle génération urbaine pauvre, seront le véritable défi à la sécurité intérieure. Le démantèlement des deux réseaux algérois, celui du GIA et celui du Gspc, n'a pas, pour autant, mis fin au terrorisme urbain. Loin s'en faut. Avec l'argent amassé, le commandement des deux organisations terroristes fera de la reconstitution des cellules actives de l'Algérois une priorité. Cela a toujours été le cas, et il n'y a aucun indice pour croire que cette fois encore, la reconstitution des réseaux algérois n'aurait pas lieu. Ceci s'ajoute au fait, certain, de l'existence d'appuis encore solides disséminés dans le tissu urbain des grandes villes du centre, Alger, Blida, Tipasa et Boumerdès. Voyons de près le lieu de résidence des trois membre du Gspc abattus par les forces de sécurité. Il y a d'abord, l'émir du groupe, Boudraâ Miloud, dit Oussama, originaire de Birkhadem, Ramdane Naïm habite Belcourt, et le troisième comparse est Azzoug Yacine de Leveilly. Birkhadem (fief originel des émirs du GIA Gousmi et Zitouni) Belcourt (celui de Nourreddine Selamna, parrain des réseaux urbains d'Alger) et Leveilley (celui du premier émir du GIA, Mohamed Allel), comme d'autres quartiers de la capitale (El Harrach, Bab el-Oued) et de la plaine de la Mitidja (Baraki, les Eucalyptus, Sidi Moussa, Bougara, Bouinan, Boufarik, Attatba, etc) constituent aujourd'hui autant de zones à risques, comme ils constituaient, hier, les fers de lance du GIA. Il semble bien que les groupes armés ont débuté par les réseaux urbains et ont terminé leur cycle de violence armée en revenant à l'action terroriste dans les villes. Cette thèse est d'autant plus vraisemblable qu'elle consacre la fin de la «guerre des maquis», tout en impliquant dorénavant de nouvelles mutations aussi bien pour les groupes armés que pour les services de sécurité chargés de les pourchasser. Le matériel ultrasophistiqué de l'armée, des armes automatiques à vision nocturne pour le pilonnage des zones suspectes sont rendus quasi inefficaces par le nouveau redéploiement des GIA dans le dense tissu des villes. C'est peut-être cela la véritable menace de demain.