Les CNS ont dû recourir à l'utilisation de balles en caoutchouc. L'arrestation de deux jeunes de la localité, Djillali Hariri (26 ans) et Younès Nezlioui (25), l'a replongée dans le feu des émeutes. Selon les témoignages des habitants de cette commune, à mi-chemin entre Tizi Ouzou et Boumerdès, la police a procédé à un «stratagème diabolique» pour appréhender Hariri et Nezlioui. Etant destinataires de convocations pour les besoins d'une enquête policière pour la délivrance de passeports, ces deux jeunes ont été mis sous les verrous, une fois à l'intérieur du commissariat. Quant aux motifs de leur arrestation, les hypothèses et autres spéculations vont bon train. Selon certains, Hariri et Nezlioui ont été arrêtés pour leur activisme au sein du mouvement citoyen. Pour d'autres, dimanche dernier, à la fin du match Djoliba-JSK, ces deux jeunes, en défilant avec d'autres, ont insulté des policiers qui les ont reconnus. D'autres vont plus loin en disant que dans le rapport établi par les policiers auteurs de l'arrestation, était mentionnée l'appartenance à un réseau de soutien au Gspc. Hier, Younès Nezlioui et Djillali Hariri étaient transférés à la sûreté de la wilaya de Boumerdès pour être auditionnés ensuite par le juge d'instruction. C'est dire que c'était là l'étincelle qui a ravivé la flamme de l'émeute éteinte depuis six mois à Naciria. Des émeutes déclenchées lundi à 17h, et qui ont duré jusqu'à 3h. Selon les témoignages recueillis sur place, les affrontements ont été intenses dans la soirée de lundi. Les CNS, acculés par la détermination des émeutiers qui ne demandaient rien d'autre que la libération de Nezlioui et Hariri, ont dû recourir à l'utilisation de balles en caoutchouc face à une population qui ne voulait pas décolérer. Les CNS ont également arrosé les balcons de bombes lacrymogènes, en vain. Hier encore, tôt le matin, les manifestants ont tenté de bloquer la RN 12 (autoroute Alger-Tizi). Un plan qui a vite échoué dès l'apparition des fourgons cellulaires des CNS qui ont procédé à une véritable chasse à l'homme. Dans cette course-poursuite, un jeune garçon de 16 ans, Smaïl Hamdane, sera arrêté. Hier donc, la ville était complètement fermée et barricadée à la suite de l'appel des ârchs locaux. Dans un décor apocalyptique, l'air était irrespirable. La fumée des pneus brûlés mêlée à l'odeur âcre des gaz lacrymogènes rappelait étrangement la révolte du printemps noir. A l'entrée de la ville, la compagnie antiémeute était sur le qui-vive, le camion chasse-neige (communément appelé Moustache) en tête. A moins de 500 m plus loin, quelques émeutiers (pour la plupart des enfants qui ont déserté l'école), attendaient le signal pour arroser de pierres et de cocktails Molotov les policiers qui pourraient s'aventurer dans les venelles de la ville. Cependant, l'affrontement n'aura pas lieu. Accablés par la chaleur et les gaz lacrymogènes, les jeunes émeutiers se dispersaient vers 13h. Pour eux, ce n'est là que partie remise puisque la soirée risque d'être chaude. Par ailleurs, la coordination locale de Naciria appelle les citoyens de la commune à une marche, appuyée d'une grève générale pour aujourd'hui et ce, pour exiger la libération des jeunes détenus et ainsi dénoncer les candidats aux élections municipales.