Le groupe Dehina a fini par surseoir aux décisions prises lors du congrès de Bruxelles. Dans un communiqué diffusé le 20 septembre et signé par Dehina, Habes et Filali, membres du CC-FIS et initiateurs du congrès de Bruxelles, le secrétariat exécutif provisoire (présidé par Mourad Dehina et qui a remplacé le CC-FIS au lendemain du congrès) semble faire marche arrière et le dos rond devant la critique acérée du groupe algérois de l'ex-FIS. Le communiqué, laconique à souhait, et qui tranche avec le style volontiers prolixe des derniers textes diffusés depuis deux mois, laisse entendre que les divergences sont plus importantes que le seul contenu apparent. Les rédacteurs ont d'ailleurs eu recours à une langue «lourde», diffuse et très approximativement émaillée de versets coraniques. Le texte du communiqué suggère que c'est à la demande des militants et sympathisants du parti dissous, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, que la date de la nomination du bureau exécutif national (nouvelle et unique représentation politique de l'ex-FIS, selon la conception des initiateurs du congrès bruxellois) a été prorogée au 5 octobre. Cette démarche est gratifiée par «la nécessité de consulter tous les acteurs politiques» impliqués dans la continuité de l'activité du parti, et par le souci de laisser le temps à tous de donner des avis et de se tenir informés de tous les tenants et aboutissants de ce congrès. En réalité, ce recul équivaut à un aveu d'échec, lorsqu'on sait jusqu'à quel point la rapidité de «passer aux actes» a été évidente chez les congressistes de Bruxelles. Dès que la lettre de soutien a été mise «en poche», et les enfants de celui-ci acquis «à la cause», le CC-FIS a fait tout à la hâte, afin de prendre de court tout son monde, notamment l'instance exécutive du FIS à l'étranger, représentée par Rabah Kebir, qui s'est vu, dès le début du congrès, mis à l'écart. En fait, ce qui a fait la différence, c'est le groupe d'Alger, représenté par Djeddi, Guemazi, Boukhamkham, qui a carrément mis en doute les visées du CC-FIS et a dénié toute légitimité aux «nouveaux promus» les qualifiant d'«opportunistes» et d'«inconnus au bataillon». Mais c'est aussi Benhadj qui aura fait la différence. Observant un «silence accusateur» qui a tranché avec l'attitude du «soutien inconditionnel» de Abassi Madani, Benhadj a implicitement mis hors jeu toute nouvelle initiative qui engage l'avenir (sic) du parti sans qu'un consensus autour d'elle soit dégagé. Le bras de fer entre le groupe Dehina et le groupe d'Alger semble avoir tourné à l'avantage du dernier. Cependant, rien ne prouve que les «congressistes» vont s'arrêter en si bon chemin. Au contraire, il y a lieu de deviner la suite. C'est-à-dire qu'ils prendront du service pour peu que les circonstances le permettent.