Les législatives ont vidé les candidats de leur énergie, dirait-on. Lecture. Le FLN est favori dans cette campagne. D'où l'attitude de son secrétaire général qui parle du haut de son cheval dans une campagne de séduction dans un décor surfait et d'un engouement évident des laissés-pour-compte qui ne veulent pas cracher sur l'avenir en faisant les yeux doux aux candidats potentiels. Dans une rencontre de proximité avec la population algéroise, Benflis dicte ses dix commandements dont les plus apparents sont la «décentralisation» comme le veut le «rapport Sbih», la refonte du Code communal et la «sécurité» autant dans les villes que dans les zones rurales. Subitement, il change de ton pour avertir ses candidats: «Vous êtes sous un microscope». Comme le sont les élus sortants, bien évidemment. L'un d'entre eux - Zitouni, maire RND d'Alger-Centre - demande plus de moyens pour un mandat resté en suspens, selon ses dires, car il avait engagé beaucoup de chantiers. Hélas, le facteur temps ne facilite pas trop les choses. Mais ce facteur, visiblement déterminant, ne pose aucun obstacle au maire FLN de Bordj El-Bahri qui a distribué tous les lots de terrain avant de quitter son poste, ou plutôt avant de postuler pour un second mandat. Cet échantillonnage n'est pas une règle. Il y a 1541 APC et le FLN y présente des liste dans 1493. Dans la logique des résultats émis par les suffrages précédents, El-Islah s'installe en seconde position. Logique qui fait dire à Djaballah que «la bataille sera entre le FLN et El-Islah». Les autres feront office de figurants, croit-on comprendre. Mais le leader du premier parti islamiste légal espère doubler la mise en se choisissant un discours critique. Sans énumérer les propositions qu'il compte faire dans les APC, il axe son texte sur les questions morales. Il avertit les électeurs de bien peser les critères de probité et de sincérité des candidats avant de glisser les bulletins dans l'urne. Ouyahia, dont le parti gère la majorité des communes issues du scrutin contesté, semble, lui aussi, adapter son discours à la dénonciation et à la critique à tout vent. Il aligne les griefs retenus contre le FLN et le défie de rendre public le rapport sur la fraude électorale. Curieusement le RND préconise, à son tour, la révision du Code de commune et de wilaya, car il trouve que les maires n'ont pas de prérogatives. On serait tenté de poser la question suivante: qui a ôté les prérogatives aux maires pour les mettre entre les mains des secrétaires généraux? Mahfoud Nahnah comme à son habitude, va à rebrousse-chemin. L'un de ses militants, aux dons oratoires exceptionnels, défend les militants de l'ex-FIS qui ont été éliminés des listes de candidature aux locales. Mieux, il milite pour le retour de ce parti sur scène. Loin des intrigues des frères ennemis, l'entrée en lice du FFS constitue, à elle seule, «l'événement». Elle polarise l'ensemble des médias. Face aux menaces des émissaires du «tout-boycott», le FFS se présente en héros dans une arène où personne ne peut mettre les pieds sans risque de se faire lyncher, même si tous les partis promettent d'y aller. La persistance du refus, par médias interposés, constitue un événement parallèle aux cris de campagne. Ces cris qu'on entend et qui émanent du FNA de Touati, du PRA de Tourkmane qui fait les cafés de la ville de Mosta, de Zaghdoud qui défend le Code communal en vigueur, des grandes phrases de Fawzi Rabaïne ou des cris du coeur de certains candidats indépendants plus ou moins sincères.