Patrons et opérateurs économiques continuent d'espérer un assouplissement des procédures d'investissement. Karim Djoudi, ministre des Finances, fait toujours l'unanimité contre lui. Il y a deux raisons à cela. Presque personne n'accepte de limiter le règlement des importations par le biais du crédit documentaire et de restreindre la participation du capital étranger aux entreprises algériennes à 49%. Pendant des mois, la pression a été terrible sur le gouvernement pour supprimer ces deux dispositions. En vain. Mais à l'approche de l'adoption de la loi de finances complémentaire de 2010, l'espoir renaît chez certains opérateurs économiques de sortir des difficultés dans lesquelles ils sont embourbés depuis une année. A propos de la volonté du gouvernement de réduire les transferts de devises à l'étranger, certains y décèlent une voie royale pour nuire aux intérêts des Algériens. C'est le cas pour l'importation du médicament. Amar Zyad, président de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie, considère que des ruptures de stock sont apparues depuis quelques mois à cause des difficultés d'accéder aux crédits bancaires. Il ne dément pas le fait que plus de 150 médicaments manquent actuellement chez les pharmaciens. Réduisant de fait les chances de guérison de millions de citoyens. Il trouve regrettable que le gouvernement aille jusqu'à faire des économies sur le dos des malades. Un courrier a été adressé depuis plusieurs mois au gouvernement pour revenir à d'autres moyens de paiement plus souples. Mais la requête est restée vaine. Les entreprises, et pas seulement celles du médicament, sont paralysées financièrement. Pour importer un quelconque produit, il faut des garanties financières de trois mois. Des sommes considérables doivent être ainsi mobilisées. Le gouvernement avait donné l'impression qu'il était prêt à lâcher du lest en ordonnant aux banques d'étudier les dossiers des sociétés au cas par cas mais la démarche s'est rapidement révélée inefficace, selon les aveux de Amar Zyad. Le deuxième écueil dénoncé par les opérateurs économiques, surtout étrangers, est lié à la règle limitant leur participation à 49% dans le capital des sociétés en Algérie.L'Union européenne et certains pays membres de cette entité ont saisi officiellement le gouvernement pour abandonner cette condition. Mais ils n'ont pas eu gain de cause. Récemment, encore, le nouveau ministre de l'Industrie, Benmeradi, a redit l'opposition de l'Etat à tout genre de recul.Curieusement, les Américains n'ont pas été très frondeurs sur le sujet. Certains trouvent même que c'est une garantie contre les prises de risque. Mais le problème se situe ailleurs, selon un expert financier que nous avons pu contacter. La vraie garantie pouvant être demandée par le gouvernement est celle de la transparence des comptes. Pour cela, il y a une seule solution. Il s'agit de nommer des commissaires aux comptes. Encore faut-il que les entreprises créées par des étrangers soient des sociétés par actions et non des sociétés anonymes ou des sociétés unipersonnelles.D'un autre côté, on fait remarquer que les pouvoirs des commissaires aux comptes ne cessent d'être rognés.