Ce parti ne s'est pas engagé dans la présente campagne électorale sans réfléchir aux moyens qui lui permettront de conduire ses candidats au succès. Si ces moyens existent réellement, la question qui se pose est de savoir de quelle nature ils sont pour avoir pu attirer autant de gens aux meetings qu'anime le secrétaire général du FLN depuis jeudi dernier. Comparé à l'époque où certains partis politiques mettaient en jeu des sommes colossales pour séduire chômeurs sans panier social et autres travailleurs en rupture d'emploi, le FLN, qui ne bénéficie d'aucun financement particulier depuis sa séparation d'avec l'Etat, ne compte plus que sur le talent de ses orateurs pour convaincre les électeurs de venir nombreux lui prêter main forte le jour du scrutin qui aura lieu, comme chacun sait, le 10 octobre prochain. La prise en charge des déplacements du secrétaire général et des délégations qui l'accompagnent selon les destinations choisies en fonction des intérêts propres à consolider davantage le retour du FLN sur la scène politique, revient aux militants du parti et à des donateurs qui, souvent, requièrent l'anonymat. Venons-en maintenant au talent d'orateur dont Ali Benflis peut, sans la moindre exagération, revendiquer d'être classé tête de liste dans un registre - le discours - où il n'a cessé de progresser depuis deux ans. Vous me répondriez sûrement qu'un tel talent peut aussi bien provenir d'un héritage et que pour un juriste qui a, par ailleurs, perduré dans les prétoires ses exploits discursifs n'ont, à la limite, rien d'extraordinaire. Dans l'absolu cette façon de voir les choses est, peut-être, vraie. Encore faut-il savoir qu'il y a loin entre un prétoire où le juge est prêt à évacuer la salle au moindre bruit, fût-il insignifiant, et une salle omnisports ou de cinéma, comme ce fut le cas à Annaba, hier matin, où le silence absolu n'est pratiquement jamais obtenu à 100 %. Comment alors et malgré ces servitudes, le secrétaire général du FLN parvient-il, chaque fois, à captiver l'attention des gens? C'est là, en effet, que réside la grande inconnue concernant cet homme. Si on devait oser un portrait touchant au plus près ses qualités intrinsèques, pour peu qu'on s'en donne la peine, Ali Benflis possède non seulement le talent pour enchaîner sur une longue démonstration théorique sans lasser ses auditeurs et comme ceux-ci comptent souvent parmi eux des gens qui adorent la poésie, il s'évertue, souvent, à ne jamais faire l'impasse sur les grands poètes arabes d'avant et pendant l'Islam. Comme c'est un homme qui vibre à la moindre strophe entendue même fortuitement, il ne fait pas d'impasse non plus sur la poésie française dont il peut réciter une large variété de vers de mémoire et sans apprêt. Philosophe qui a beaucoup appris de la Grèce des Anaxagore et des Ovide sans parler des Socrate et leurs disciples, c'est un homme sur qui la fonction de leader ne s'est jamais exercée sans référence à la culture encore moins sans ouverture sur les autres cultures et les autres civilisations. C'est d'ailleurs, en d'autres termes, ce qu'il a toujours essayé de faire partager au plus grand nombre pour les convaincre de se départir de cette vision étriquée et souvent réductrice qui a consisté, depuis longtemps pour un certain nombre d'Algériens, à tourner le dos aux cultures étrangères. De culture ses discours en sont mâtinés à profusion. Mais c'est la politique qui, dans les grandes occasions, l'emporte à ses yeux pour pousser du mieux qu'il peut et comme c'était le cas hier après-midi à Skikda, les citoyens à se rendre nombreux aux urnes le 10 octobre prochain pour voter en faveur des candidats présentés par le parti du FLN. Avant de conclure, il n'a pas manqué, cette fois encore, de revenir sur les efforts qu'auront à fournir les nouveaux élus des APC pour mériter la confiance que la population aura placée en eux. A ce propos, les élus FLN auront à servir dans de grands chantiers de travail une fois adoubés. Une vingtaine de chantiers et ce sera ainsi durant les cinq prochaines années de mandature.