Me Ali Yahia Abdenour, président de la Ligue de défense des droits de l'Homme, a abordé la question de la charte de réconciliation nationale lors d'un point de presse qu'il a donné, hier à Oran, après avoir tenu le précongrès de la ligue qui a regroupé les wilayas de l'Ouest ayant un bureau. Soulignant d'abord qu'une semaine avant le référendum, se tiendra le congrès de la ligue, soit du 22 au 23 septembre, l'orateur estimera indispensable en parlant de la charte et de ses objectifs, de rappeler les précédentes démarches, la loi sur la rahma en 1995 et celle de la concorde civile, en 1999, qui “se sont appuyées sur le système sécuritaire…” Et de poursuivre : “La paix a des conditions et cette charte ne reconnaît pas la responsabilité des crimes commis par les militaires, les services de sécurité et les terroristes… Il accorde (le président de la République, ndlr) l'immunité, alors que, sur le plan des droits de l'Homme, celui qui a commis un crime doit payer !” Le président de la LDDH développera très longuement cette notion et les principes universels qui y sont rattachés, pour dénoncer et le contenu de la charte et les raisons qui la sous-tendent. Ainsi, Me Ali Yahia Abdenour s'interroge sur les raisons qui poussent Bouteflika à faire adopter par le peuple ce projet : “Il y a un calcul politique dicté par des raisons internes. C'est qu'il y a un problème chez les militaires et ils les exonèrent de tout, alors qu'il y a 6 ans, il disait ne pas vouloir être un 3/4 de président…” Et de poursuivre à l'adresse des journalistes : “Il se dit à Alger qu'il y aurait un problème dans les hautes sphères de l'Etat…” L'autre raison, selon le président de la ligue, est externe, en désignant les Etats-Unis et la politique de Bush depuis le 11 septembre. “Depuis cette date, tous les pays arabes se sont alignés sur Bush, l'Algérie y compris, alors il faut que nous disions que nous ne pouvons être d'accord avec ce que les Américains définissent comme terroristes, nous avons connu cela par le passé.” Il déclare que ce texte est en totale contradiction, pour ne pas dire en violation, avec le droit et la loi, y compris le droit international et tous les traités et conventions internationaux ratifiés par l'Algérie. Et d'ajouter que si la paix est un problème politique, donc, à cet instant, tous les Algériens doivent être appelés à en discuter, car “tous ont été touchés ; la réconciliation intéresse tous les Algériens, les partis politiques, les associations, les chômeurs... Et il ne pourra y avoir de réconciliation sans un dialogue entre tous les Algériens.” F. B.