Il est sans conteste le rendez-vous culturel incontournable de ces deux dernières années. Le festival de Djoua a connu une grande affluence en sa deuxième édition, ce qui lui a valu, d'ailleurs, quelques petits bobos en matière d'organisation, de circulation automobile notamment. Même si le programme du festival a été voulu par les organisateurs riche et varié, il faut dire que tout s'est focalisé sur les soirées artistiques réservées aux chants et autres danses folkloriques. Pour en savoir plus sur le déroulement, son impact sur la société, et autres perspective du festival, nous avons fait le point lors de la dernière soirée de la clôture avec M.Youcef Khelfaoui commissaire dudit festival, qui est aussi président de l'Association pour le développement du patrimoine de Djoua. Peut-on avoir vos impressions d'une manière globale sur cette 2e édition du festival de Djoua? Youcef Khelfaoui: Passer sept jours et sept nuits d'affilée sur le pic d'une montagne avec une animation continue et sans relâche et sans aucun incident sécuritaire et autres, c'est le plus grand soulagement qui se dégage en nous (entretien réalisé la soirée de clôture, le 22/07/2010). Contrairement à la première édition qui a été préparée dans la précipitation, la deuxième édition a eu beaucoup de temps de préparation sur tous les plans, puisque le site existe déjà avec ses installations. Quelle évaluation faites-vous du déroulement des activités et du programme du festival? Nous enregistrons une satisfaction sur tous les plans. Le festival a connu un engouement qui dépasse de loin nos prévisions, ce qui nous a valu d'ailleurs quelques petits problèmes en matière d'organisation dans son volet circulation automobile. Réunir quelque 20.000 personnes dont la majorité sont des familles jusqu'à l'aube en pleine montagne sur le mont de Djoua, c'est quelque chose d'inimaginable il y a peu de temps de cela. C'est dire que «vouloir» c'est vraiment «pouvoir». Comparativement à la première édition, en quoi consistent les nouvelles touches dans cette deuxième édition? La deuxième édition est plus riche en matière d'espaces et de débats. Par rapport aux espaces, cette année il y a, en plus des quatre espaces maintenus, l'espace randonnée à travers les chemins des villages de la région, Un espace littéraire, un espace associatif et un espace construction d'un muret par les enfants des 48 wilayas. Ce fut une touche nouvelle de cette édition où les cinq enfants par wilaya ont posé leur pierre avec le nom de leur wilaya pour réhabiliter le chemin qu'empruntaient nos ancêtres pour se rendre au marché de Béjaïa afin de vendre le charbon de bois, une spécialité des gens de la région des Aït Bimoun. Je pense que c'est quelque chose d'extraordinaire qui s'est passé sur le mont de Djoua qui a réuni tous les enfants d'Algérie. En somme, c'est le meilleur moyen de faire sortir la Kabylie de l'isolement. Quel est son impact sur la société? L'impact du festival sur la société a été au centre de tous les intérêts, la finalité des objectifs tracés, c'est justement cet impact sur la société. A travers le programme riche et varié nous avons ratissé large en touchant à la catégorie des handicapée, les moudjahidine, le mouvement associatif, c'est à la fois un espace de rencontre, d'échange, de débat et de détente qui a allié le tourisme balnéaire au tourisme de montagne avec tous les métiers artisanaux. L'impact est multidimensionnel, sur le plan culturel et socioéconomique. Nous avons créée des centaine d'emplois direct et indirects. Les hôtels ont travaillé, les transporteurs, les restaurants, les photographes...ont tous travaillé, je peux vous dire que le festival de Djoua a sauvé la saison estivale à Béjaïa. Est-ce qu'en matière de financement vous êtes dans la fourchette de vos prévisions initiales? En attendant de faire un bilan moral et financier exhaustif, je peux vous dire qu'on a dépassé de près de 35% notre budget prévisionnel. On aura besoin de chercher d'autres montages financiers afin d'honorer nos engagements Peut-on connaître la nature et l'origine de vos financements? Le ministère de la Culture a pris en charge le volet artistique en général. Tout ce qui est scène artistique, sonorisation, déplacement des enfants, troupes folkloriques du Ballet national. Aigle Azur a pris en charge la billetterie pour le déplacement des délégations étrangère. tout ce qui est couverture médiatique, TV4, Canal Algérie, Chaîne2, Radio Soummam c'est gratuit, en plus de l'apport d'entreprises locales... Quel a été l'apport des autorités locales et wilayales? Le fait de n'avoir pas connu des blocages sur le plan administratif est déjà en soi une grande contribution. L'apport des autorités en matière de sécurisation du site est aussi inestimable. Par ailleurs, sur le plan financier nous espérons toujours l'aide et la contribution des autorités locales afin de nous aider dans notre projet qui reste un levier du développement local. Quelles sont les perspectives tracées pour pérenniser ce festival? C'est de faire du festival un pôle d'attraction à la fois culturel et artistique et un moyen de communication pour promouvoir le tourisme et le sport de montagne, le parapente, le «fantasticable» Est-ce que vous ne craignez pas l'opposition qui s'est manifestée contre la tenue du festival à Djoua? Je pense qu'il y avait un problème de communication entre nous, car ces gens n'ont pas saisi ou plutôt compris la portée de ce festival qui pourrait développer la région en général et la localité en particulier sur plusieurs plans. Je pense que notre travail sur le terrain fera taire à jamais cette opposition. Notre idée est bel et bien en marche, pour ce qui est de ces gens je pense qu'ils finiront par enfin comprendre que c'est un projet d'intérêt général. Le mot de la fin... je profite de l'occasion pour remercier sincèrement votre journal, L'Expression, qui accompagne toutes les activités culturelle de la wilaya. Sinon, je remercie tous ceux et celles qui nous ont aidés de près ou de loin sans omettre de saluer le comportement exemplaire des participants au festival, notamment les jeunes durant toute la période du festival.