La décision est destinée à assainir le marché. Elle tend à mettre fin à une concurrence déloyale préjudiciable à nombre de producteurs de médicaments. Le ministère de la Santé et de la Population poursuit son engagement à assainir davantage le secteur du médicament, caractérisé ces dernières années par une désorganisation intenable. La direction de la pharmacie vient d'envoyer de nouveau une note à tous ses démembrements et acteurs du marché national. Il s'agit de la note n°194 du 21 février 2007 liée à l'application du décret exécutif n°92-286 du 6 juillet 1992 interdisant aux fabricants, importateurs et autres sociétés de promotion, l'octroi d'avantages et autres profits aux professionnels de la santé. L'instruction est claire : “Il est interdit aux fabricants, aux importateurs, aux sociétés de promotion, aux délégués médicaux de donner ou permettre de donner directement ou indirectement aux professionnels de la santé des primes, des objets ou produits quelconques ou des avantages matériels de quelque nature que ce soit.” Ainsi, les Directions de la santé (DSP), les pharmaciens d'officine, les syndicats sont donc tenus d'appliquer strictement cette mesure. “Des informations nous parviennent régulièrement sur des pratiques illicites de commercialisation de produits pharmaceutiques, notamment la distribution d'unités gratuites aux grossistes répartiteurs par les laboratoires importateurs et fabricants”, est-il mentionné dans un communiqué émanant de la direction de la pharmacie. Celui-ci vient, en fait, réglementer une activité ciblée par une pratique illicite à travers laquelle les importateurs et les fabricants de produits pharmaceutiques soudoient les revendeurs. Dans le but de mettre fin à des procédés non réglementaires, et afin de permettre d'intervenir rapidement et de manière efficace, la direction de la pharmacie, note-t-on dans le même communiqué, exhorte tous les acteurs concernés pour une meilleure collaboration. Par une telle note, le ministère de la Santé compte mettre de l'ordre dans le secteur du médicament. L'on se rappelle la récente décision prise par le gouvernement interdisant l'importation de produits pharmaceutiques fabriqués localement. Cette mesure renseigne sur la volonté de l'Exécutif de mettre de l'ordre dans le marché du médicament, d'encourager la production nationale et de permettre, par la même, l'émergence d'une véritable industrie pharmaceutique nationale. Une telle décision, faut-il le rappeler, a suscité satisfaction et espoir au sein des fabricants nationaux. Il fallait réagir à temps car le danger guettait de manière sérieuse la production locale. Ne pouvant faire face à la concurrence déloyale, des usines mettent la clé sous le paillasson, tandis que d'autres changent d'activité. La situation a pris des proportions alarmantes. Il y a près de huit ans, les pouvoirs publics exigeaient, conformément à un cahier des charges, des laboratoires étrangers d'investir et de fabriquer leurs produits en Algérie. Cette disposition a été en revanche abandonnée par la suite. Les firmes étrangères exportaient ainsi leurs médicaments vers notre pays sans en être inquiétés. Une autre règle, et non des moindres, a été également négligée. Il s'agit de la durée de vie du médicament (entre la date de fabrication et celle de sa péremption). Auparavant, on exigeait au moins les deux tiers de la durée de vie. Or, de nos jours, cette condition n'est plus appliquée. Une liste de 128 produits suspendus à l'importation car fabriqués localement a été en outre établie entre 2003 et 2004. Mais depuis, cette note n'a jamais été observée totalement. Le constat était amer : d'une part, la facture de l'importation ne cesse d'augmenter d'année en année et, de l'autre, les usines ferment et les emplois disparaissent. Or, depuis la mise en œuvre de la mesure du gouvernement, des améliorations sont constatées selon le ministère de tutelle. Le ministre a d'ailleurs déclaré récemment que la facture d'importation du médicament a été réduite d'environ 200 millions de dollars en l'espace de quelques mois. Badreddine KHRIS