«Je ne parlerai plus de la question des disparus», a annoncé Maître Farouk Ksentini. «La décision d'inviter ces ONG n'a pas été encore prise par le gouvernement», a affirmé, hier, Maître Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (Cnppdh), lors d'une conférence de presse animée au siège d'El Moudjahid à Alger. Cela revient-il à dire que ces ONG sont persona non grata en Algérie? Maître Ksentini ne l'a pas clairement dit. Seulement, il a mis en exergue la position de ces organisations par rapport à la situation politique de l'Algérie durant les années 1990. «Ces organisations doivent reconnaître qu'elles se sont trompées sur l'Algérie», a-t-il tranché. Cela dit, il a souhaité que ces ONG puissent revenir en Algérie. Finalement, l'invitation du gouvernement concerne les rapporteurs spéciaux de l'ONU et des représentants des institutions des droits de l'homme de quelques pays. «Le Premier ministre a décidé dernièrement, d'inviter les rapporteurs des Nations unies sur les droits de l'homme et des institutions des droits de l'homme appartenant à d'autres pays». Parmi ces pays figurent la France, le Maroc, l'Espagne et le Canada. Les rapporteurs de l'ONU mèneront les enquêtes qu'ils effectuent habituellement dans d'autres pays. Ils s'intéresseront particulièrement au dossier de la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression. Aussi, ils travailleront sur la violence à l'égard des femmes, ses causes et conséquences. D'autres questions figurent au menu de ces rapporteurs. Il s'agit de l'éducation, de l'alimentation, du logement, de l'accès à l'eau potable et à l'assainissement et du droit à la personne de jouir du meilleur état de santé physique et mental. Me Ksentini a qualifié la décision du Premier ministre d'autoriser la présence de ces organisations d'extrêmement importante. «Elle traduit une avancée considérable et substantielle en matière des droits de l'homme dans notre pays», a-t-il estimé. Une question qui préoccupe les observateurs: cette décision traduit-elle une nouvelle orientation politique émanant des plus hautes sphères de l'Etat? La réponse du président de la Cnppdh est claire: il existe en Algérie une volonté politique «irréversible» d'édifier un Etat de droit et le maintenir. Cela dit, Maître Ksentini n'a soufflé mot sur le moment choisi par le Premier ministre pour annoncer sa décision. Pour sa part, Maître Mustapha Bouchachi, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh), a qualifié cette décision de positive. Néanmoins, il a souhaité qu'«elle ouvre la voie à la société civile pour qu'elle puisse encadrer les citoyens». De son côté, Maître Ali Yahia Abdenour, président d'honneur de la Laddh, a émis des réserves sur les tenants et aboutissants de cette décision. L'une des questions qui fait l'actualité ces derniers jours est celle des disparus. A ce propos, Maître Ksentini a affirmé que rien n'obligeait sa commission à prendre en charge cette question. «Si elle l'a fait, c'est pour des considérations humanitaires», a-t-il ajouté Ce dernier s'est insurgé contre l'accusation qui lui a été faite d'avoir fait appel à la police pour disperser les sit-in des familles des disparus devant le siège de la Ccnpphd. «Je n'aborderai plus cette question», a-t-il annoncé.