Difficile de ne pas penser que, sur le papier, l'édition de cette année du plus ancien festival du cinéma au monde ne soit pas porteuse en son sein des plus grandes promesses... Retour sur un festival aussi capricieux qu'un ciel vénitien incertain, jouant au yo-yo avec le soleil quand il ne déversait pas ses trombes d'eau sur l'île du Lido, transformant du coup le Lungo de mare (le front de mer local) en canal pour gondole. Pas pratique pour le vélo qu'on loue chaque année, le temps de la Mostra...Mais la morosité n'a pas eu seulement une incidence sur le moral des festivaliers, apparemment, puisque même les images venues des quatre coins du monde semblent refléter un état des lieux pas du tout gai, pour ne pas dire sombre! Le ring du septième art ressemble à celui traditionnellement consacré au noble art, la boxe...Pire, ici tous les coups sont permis. Et ce n'est pas le cinéaste-peintre Julian Schnabel qui dirait le contraire malgré la lumière de son film palestinien «Miral», adapté du roman de la Palestinienne Rula Gibril, une star de la télé italienne avant de migrer sur les bords de l'Hudson pour partager la vie du cinéaste juif new-yorkais qui a filmé la Palestine de 1947 à celle de l'Intifadha, comme on tendrait un miroir aux bords acérés dans lequel le spectateur y regarderait passer ses illusions, et autres rêves. Avec Hiam Abbas dans le rôle de la fille Husseini (une famille de notables de Jérusalem) qui a consacré sa vie entière à l'éducation des jeunes orphelins palestiniens (ceux du massacre de Deir Yacine jusqu'à la guerre de juin 1967). La jeune Indienne remarquée dans «Slumdog millionnaire», Freida Pinto, y fait aussi une prestation remarquable dans le rôle de la jeune orpheline tiraillée entre les préceptes énoncés par Hind Husseini qui prône l'émancipation par l'éducation, et le désir d'en découdre par les armes avec l'occupant israélien. «Avant de m'atteler à ce projet, je ne savais presque rien des Palestiniens», confie Schnabel qui estime avoir ainsi mis à jour le combat entre humanité et idéologie. Lion d'or: Somewhere, de Sofia Coppola (USA) Lion d'argent (meilleur réalisateur): Balada triste de trompeta, d'Alex de la Iglesia (Espagne, France) Prix spécial du Jury: Essential Killing, de Jerzy Skolimowski (Pologne, Norvège, Hongrie, Irlande) Coupe Volpi (meilleur acteur): Vincent Gallo dans Essential Killing. Coupe Volpi (meilleure actrice): Ariane Labed dans Attenberg, d'Athina Rachel Tsangari (Grèce) Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir d'interprétation: Mila Kunis, dans Black Swan, de Darren Aronovsky (USA) Osella de la meilleure photographie: Mikhail Krichman pour Silent Souls, d'Aleksei Fedorchenko (Russie) Osella du meilleur scénario: Alex de la Iglesia pour Balada triste de trompeta Lion spécial à Monte Hellman.