Si la situation reste en l'état actuel, une crise de céréales n'est pas à écarter dans moins de deux mois en raison des restrictions imposées par l'Oaic. Les transformateurs de blé de la wilaya de Béjaïa sont mécontents. Le traitement que leur réserve, depuis le début du mois, l'organisme public de régulation du marché, l'Oaic (Office national interprofessionnel des céréales), ne les agrée pas. Ils l'ont fait savoir, avant-hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège de la Confédération algérienne du patronat. «L'Oaic a décidé de réduire le quota de livraison en blé dur importé de 50 à 70%», ont-ils soutenu. Fonctionnant habituellement à raison de 120 tonnes par jour, ils se sont retrouvés depuis le début du mois de septembre, réduits à un fonctionnement minimal avec tout juste 40 tonnes de blé dur par jour. Résultat des courses: les semouleries, qui emploient une moyenne de 80 personnes, fonctionnent au ralenti et cela devient de plus en plus insupportable. Les conférenciers parlent de «restriction sans explication». L'Oaic, organisme public, a été saisi pour des explications, indiquent-ils. Mais, regrettent-ils encore «il n'a pas jugé utile de donner suite aux doléances formulées». Les conférenciers relèvent, par ailleurs «une mesure injuste» qui s'illustre à travers un «traitement discriminatoire»par rapport aux «semouleries étatiques qui continuent à être livrées dans les normes». Entendre par là, que l'Eriad de Sidi Aïch qu'ils citent à titre d'exemple, «n'est pas touché par la restriction». A bien entendre les conférenciers, on comprend vite que le désaccord entre les transformateurs de blé de Béjaïa et l'Oaic se situe au niveau du blé dur produit localement. Selon eux, l'Oaic veut les obliger à faire fonctionner leurs unités de production avec le blé dur local. Une matière première qu'ils ont refusée au motif qu'elle «est sale» et son poids à la livraison «est anormal» et avec un «taux d'humidité de 10%». Pis encore, le blé dur produit localement contiendrait «20% de corps étrangers» et donne une semoule de «piètre qualité». Dans une déclaration remise à la presse, sept meuniers de la wilaya de Béjaïa soulignent que «la décision prise par l'Union des coopératives agricoles, représentant de l'Oaic, de réduire, voire de suspendre dans certains cas les approvisionnements en blé dur des unités de production, est unilatérale et non notifiée à ce jour». Une mesure «préoccupante» estime-t-on de par ce qu'elle peut engendrer comme conséquences socioéconomiques. Cette mesure risque, à leur yeux, d'engendrer «l'arrêt de l'activité» et par voie de conséquence «la mise au chômage de centaines de travailleurs». Décidés à en découdre avec l'Oaic, les patrons des semouleries de Béjaïa exigent d'une part «la levée de cette mesure» et d'autre part «d'accorder à chaque moulin son quota habituel avec un produit sain, loyal». Si la situation reste en l'état actuel, les opérateurs prévoient «une crise de céréales dans moins de deux mois». L'Oaic ne trouve pas preneur à Béjaïa pour écouler ses 5,7 millions de quintaux de blé dur issus de la production nationale. Les transformateurs de blé lui préfèrent le blé importé, jugé de meilleure qualité.